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50 ans de la PAC
Une politique qui a donné du corps à l’Europe

Luc Guyau, Gérard Renouard et Catherine Guy-Quint ont unanimement reconnu les vertus d’une politique agricole commune en perpétuel mouvement.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de la Politique agricole commune et à l’aube de sa réforme de 2013, le Centre d’information Europe-Direct et la chambre régionale d’agriculture d’Auvergne ont organisé un colloque, vendredi dernier, sur le site de Vet’agroSup, à Lempdes. Parmi les invités, des témoins de marque comme Luc Guyau, actuel président indépendant de la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture), ou encore Gérard Renouard, président de l’AFDI (agriculteurs français pour le dévelop- pement international) sans oublier l’ancienne député européenne, Catherine Guy-Quint toujours très impliquée dans le mouvement européen. Tous, à leur niveau, ont vu s’écrire une page de l’Europe à travers sa politique qui demeure encore aujourd’hui la plus aboutie : la politique agricole commune.

Ce constat est aujourd’hui largement partagé, même si les attaques envers la PAC ont été nombreuses.

 

Relever le défi

«Nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait pour l’alimentation et pour l’Europe», a insisté Luc Guyau, convaincu qu’avec la PAC, l’Europe est entrée dans l’ère du pratique, du concret. Et cela a commencé dès l’ori-gine, en 1953, où les populations se nourrissaient encore avec des tickets de rationnement. « La mobilisation des paysans autour d’organisations comme la JAC (Jeunesse agricole catholique), portés par l’élan européen, pour répondre au défi de la production a porté ses fruits », explique Luc Guyau.

 

 

 

Un bien-être multiple mais insoupçonné

Pour Catherine Guy-Quint, députée européenne de 1999 à 2009, la PAC a non seulement apporté la suffisance aux consommateurs après la Guerre, mais elle a été aussi pourvoyeuse de bien-être. Prenez la tarte aux pommes, « depuis que les pommes sont calibrées, fini de s’acharner à peler des pommes rabougries !» et au final à passer deux heures sur une tarte qui sera mangée en moins de deux. L’exemple pourrait faire sourire s’il n’était pas si caractéristique des apports de la PAC. « En modernisant le secteur agroalimentaire et du coup en réduisant le temps de préparation des repas, la PAC a permis aux femmes de conquérir des parts de marché. La cellule familiale s’en est trouvée profondément modifiée». Selon Catherine Guy-Quint, les européens n’ont pas assez mesuré les bienfaits apportés par la PAC.

 

Et maintenant…

Vu du consommateur, cette politique a souvent été considérée comme gourmande en budget et pas assez près des aspirations de la société. Défaut de communication, erreur d’appréciation ? A l’heure du bilan, il est difficile de mesurer les responsabilités de chacun. En acceptant de dire «que l’on a manqué d’appréciation à certains moments », Luc Guyau ne veut pas se défausser. Oui, l’agriculture ne s’est certainement pas adaptée assez vite à certains objectifs (prise en compte de la durabilité, rotation des cultures…), mais pour autant «la PAC reste une réussite malgré tous ces inconvénients et ces errements ».

En soufflant ces 50 printemps, un chapitre de la politique agricole commune vient de se fermer, il y a à fort à parier qu’on trouve dans les premières pages du chapitre suivant, toujours le mot défi qui se conjugue désormais au principe de durabilité. C’est ce qu’on appelle «vouloir produire davantage et mieux avec moins».

 

Trois questions à Luc Guyau

 

Elu président indépendant du conseil de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture en 2009 et réélu en 2011, l’ancien leader de la FNSEA plaide pour la reconnaissance de la multifonctionnalité de l’agriculture.

 

Quel vœu faites-vous pour la PAC de demain ?

Luc Guyau : Si la politique européenne n’avance pas vers une politique plus unie et plus solidaire, ce sont nos sociétés qui vont en pâtir. L’Union européenne faisant fi de toutes stratégies économiques est en train de diminuer ses soutiens au secteur agricole, alors que tous les géants que sont l’Inde, l’Asie cherchent à construire une politique de soutien agricole offensive. L’Europe demeure l’institution politique qui doit permettre aux européens de tenir bon dans l’adversité de demain.

 

Quelle est la place de l’Europe au sein de la FAO ?

L.G. : L’Europe est le plus gros contributeur au sein de la FAO. 42% du budget(1) est assuré par l’Union européenne. Si le budget de la PAC ne suit pas, les politiques auront de fait du mal à se mettre en place. La France a beau faire cocorico, mais il faut se rappeler que nous ne pesons pas bien gros face au Brésil, l’Inde ou encore la Chine. D’où l’intérêt d’être soudé autour du socle européen. Nous devons être unis mais aussi prendre le virage d’une politique agricole, alimentaire et territorial. L’agriculture a de multiples fonctions, il est temps qu’elle soit reconnue en tant que tel.

 

Le rapprochement mené à l’échelle européenne est-il aujourd’hui source d’inspiration pour d’autres ensembles géopolitiques, comme l’Afrique ?

L.G. : Une chose est sûre, l’Afrique doit se développer rapidement, car la question démographique est cruciale et le temps presse. Pour y parvenir, l’Afrique doit pouvoir bénéficier de mécanismes de préférence sur des espaces reconnus. Si l’Europe faillit à sa responsabilité d’accompagnateur du développement, les conséquences seront importantes. Mais nous sentons poindre une nouvelle dynamique du côté africain, que je résumerais en une maxime « aide toi et le ciel t’aidera». Les africains commencent à prendre conscience qu’ils peuvent être acteur de leur développement et c’est une sacrée avancée.

Propos recueillis par SG

(1) Le budget de la FAO, qui regroupe 191 pays, est d’un milliard de dollars tous les deux ans, soit l’équivalent du budget du club de football espagnol du Real Madrid.

 

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