Interview
« Travailler sur une meilleure mise en avant des produits locaux dans les grandes enseignes »
Michel Joux, président de la FRSEA AuRA
Michel Joux, président de la FRSEA AuRA
Quels sont les combats de la FRSEA en cette fin d’année ?
Nous restons encore et toujours mobilisés sur le même sujet : la rentabilité agricole. Le président de la République a promulgué la loi Egalim avec l’intention de mieux organiser les relations commerciales. Malheureusement, on voit bien aujourd’hui que les fruits ne retombent que très peu dans les cours de fermes. La loi doit être le socle de base et pour que cela fonctionne, elle doit être plus coercitive. Elle ne fait que recommander aux opérateurs de s’appuyer sur les coûts de production pour fixer leurs prix mais cela ne suffit pas. Nous sommes convaincus qu’il faut aller plus loin et contractualiser. La loi Egalim a déjà mis du temps à arriver, aujourd’hui le temps passe mais la réponse n’est toujours pas à la hauteur de l’enjeu.
Comment alerter les consommateurs à l’approche des fêtes ?
Une campagne de communication commune à la FRSEA, les JA et les chambres d’agriculture sera lancée dans les prochains jours pour inciter à la consommation de produits locaux et faire comprendre aux consommateurs que la qualité a un prix. Le consommer local a explosé pendant le premier confinement mais les choses sont revenues à la normale ensuite. Pour autant, on a bien vu que certains ont découvert une nouvelle manière de consommer et c’est sur eux qu’il faut s’appuyer. Pour y parvenir, il faudra notamment travailler sur une meilleure mise en avant des produits locaux dans les grandes enseignes, cela avance mais il faut aller plus loin.
Comment se passe le reconfinement ?
Ce deuxième confinement a été mieux géré par tout le monde. Pour autant, nos perspectives pour l’avenir sont aujourd’hui assez minces et il va falloir trouver des solutions pour soutenir les filières, notamment la viticulture ou la volaille très handicapées par la fermeture des bars et restaurants. Notre espoir, c’est que les Français auront envie de festoyer comme chaque année autour de bons produits.
Quel est votre avis sur le plan de relance du Gouvernement ?
Ces 1,2 milliard d’euros sont une vraie opportunité pour l’agriculture ! Sur la vingtaine de mesures du volet agricole, sept ou huit auront un impact direct sur la vie des exploitations. C’est le cas notamment du Plan protéines ou de l’enveloppe consacrée à l’adaptation des outils agricoles au changement climatique. L’important, c’est de parvenir à articuler ce plan de relance avec le PCAE qui, lui, est là depuis plusieurs années. Dès que nous disposerons de l’ensemble des données, nous communiquerons auprès des agriculteurs pour leur expliquer toutes les modalités. Une chose est sûre, ceux qui auront de gros investissements à réaliser devront s’y prendre durant le premier semestre 2021 car ce seront les premiers arrivés, qui seront les premiers servis.