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CULTURES
Surfaces et rendements céréaliers en baisse

En moins de cinq ans, le département du Puy-de-Dôme a perdu près de 8 000 ha de cultures, résultat d'une déprise
agricole forte, conjuguée aux conséquences du changement climatique et à une succession de mauvais rendements.

Champs de blé face au Puy-de-Dôme
Les surfaces en blé tendre d'hiver ont perdu 6 600 hectares depuis 2005.
© M. Comte

C'est un triste état des lieux qu'ont dressé Fréderic Moigny et Orane Debrune de la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, à l'occasion d'un webinaire sur la production de céréales et oléo-protéagineux dans le département. Les deux agronomes ont révélé qu'en moins de cinq ans, la surface en cultures a diminué de près de 8 000 ha (101 475 ha en 2016 contre 93 565 ha en 2020). La conséquence selon Frédéric Moigny " de la déprise agricole [...], la bétonisation des terres, la difficulté du renouvellement des générations ou encore du changement climatique avec ses successions de sécheresses et aléas entraînant de mauvais rendements".

Les surfaces culturales évoluent

En 2018, AGRESTE (service de statistique du ministère de l'Agriculture) dénombrait 7 300 exploitations puydômoises pour 12 800 actifs permanents dans ces mêmes entreprises. La moitié de la surface agricole du département est toujours en herbe. Naturellement, 60% des exploitations sont spécialisées dans l'élevage contre seulement 24% en grandes cultures et 8% en polyculture et polyélevage. Les grandes cultures se partagent ainsi la sole: 42% en blé, 13% en maïs grain irrigué et non irrigué, 9% en triticale,  8% en tournesol, 7% en maïs fourrage et 7% en maïs semence.
La production céréalières du Puy-de-Dôme pèse son poids, notamment en participant à hauteur de 8% à la production française de semence de maïs. Des filières qualitatives se sont construites autour du blé tendre, du maïs grain et bien d'autres. Pourtant, depuis le dernier recensement agricole, leurs surfaces ont diminué. En moins de cinq ans, près de 8 000 ha ont été abandonnés et le blé tendre d'hiver est la principale victime.
En 2020, la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme enregistrait une baisse cumulée des surfaces de blé tendre d'hiver de plus de 5 000 ha (45 000 ha en 2016 contre 39 700 ha en 2020). A la deuxième place de cette déprise, le maïs grain non irrigué a perdu 2 650 ha depuis 2015.
En parallèle, d'autres cultures ont progressé à l'image du maïs grain irrigué (+ 1 500 ha /2015) ou du maïs semence (+ 650 ha /2015). Certaines se sont développées comme le lin oléagineux qui occupe désormais plus de 710 ha. "La progression de ces cultures est principalement liée à l'arrêt de la production bettervaière en Limagne" indique Frédréic Moigny.

Le blé tendre malmené

La diminution des surfaces de grandes cultures est multifactorielle, mais selon Frédéric Moigny, le changement climatique a sa part de responsabilité. "La fréquence et l'intensification des aléas climatiques ne profitent pas à la croissance des cultures. Les sécheresses successives et l'élévation moyenne des températures mettent à mal leur potentiel."
Le blé tendre d'hiver en est le parfait témoin puisque l'observation de l'évolution des rendements fait état d'une perte moyenne de 5q/ha depuis 1989. Elle s'intensifie davantage à partir des années 2000 avec en moyenne - 8q/ha en 20 ans. A partir de ce nouveau siècle, la courbe prend des allures de "montagnes russes". Ainsi en 2003, le Puy-de-Dôme enregistrait une production moyenne inférieure à 45q/ha,  l'année suivante elle grimpait à près de 80q/ha pour rechuter à 60q/ha en 2005. Depuis, les rendements oscillent dans la fourchette de 45 à 70 q/ha. Et ces cinq dernières années, ils se sont stabilisés aux alentours de 60q/ha avant de diminuer à 47 q/ha en 2019 et atteindre péniblement 58 q/ha en 2020... D'après l'agronome, " les conditions climatiques de ces dernières années sont la principale cause". Au-delà du manque d'eau et des coups de chaud (ou de froid), elles ont favorisé le développement des ravageurs. Les pucerons ont notamment donné du mal aux agriculteurs récemment dépourvus de certains insecticides.
Cette tendance se retrouve dans toutes les cultures céréalières. Ainsi, l'orge et l'escourgeon d'hiver voient leurs rendements moyens diminuer de 14% ces cinq dernières années alors que la sole totale se maintient (5 050 ha en 2020).
Le triticale, à contrario, stabilise sa production entre 48 q/ha et 52 q/ha de moyenne,  malgré une diminution de 1 000 ha de surface de production.

Les maïs irrigués maintiennent le cap

La maïs grain non irrigué souffre aussi des conditions climatiques de ces dernières années. En 2014, le Puy-de-Dôme enregistrait un rendement moyen de 106 q/ha (moyenne quinquennale de 94 q/ha) pour  chuter à 58 q/ha en 2015 et ne plus jamais atteindre les niveaux historiques. En 2020, les producteurs ont récolté en moyenne 70 q/ha. La nouvelle moyenne quinquennale est de ce fait peu réjouissante : 68,4 q/ha.
En revanche, le maïs grain irrigué a progressé en surface (+ 1 500 ha) et accuse moins d'écart de rendement d'une année sur l'autre (90q/ha à 110 q/h). "L'irrigation est une assurance récolte. Elle permet d'atténuer les chutes"  constate Frédéric Moigny.
Quant au maïs semence, ses surfaces poursuivent leur progression passant en 2020 à plus de 6 100 ha cultivés. Là encore, l'irrigation assure la régularité des rendements et des volumes produits,  hormis en 2019 où la récolte a été amputée de 32% (en moyenne 25 q/ha). En 2020, 32q/ha ont été récoltés en moyenne.

De nouvelles cultures dévoilent leur potentiel

Le tournesol, dont les surfaces diminuaient, voit sa sole augmenter dès 2016 passant de 5 300 ha à plus de 7 550 ha aujourd'hui. Malgré tout, les rendements sont en baisse. En 2017, les 6 200 ha cultivés ont produit 19 220 tonnes alors qu'en 2020, sur une surface plus importante, le volume est sensiblement le même : 18 875 tonnes.
Le lin oléagineux prend  aussi ses quartiers dans le Puy-de-Dôme. De 0 ha en 2015, il en compte plus de 710 en 2020 avec des rendements moyens entre 15 q/ha et 26 q/ha. La filière est en cours de construction et doit atteindre " 1 000 ha pour être viable" selon Frédéric Moigny.

 

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