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Prenez votre cœur en main, « n’attendez pas la catastrophe »

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès dans le monde et la deuxième en France après le cancer. D’après une étude de la MSA, les agriculteurs présentent un léger surrisque en raison notamment d’un déficit de dépistage.

© MSA

Malgré quatre décennies de baisse de mortalité et morbidité grâce à la prévention et aux progrès thérapeutiques, les maladies cardiovasculaires restent à l’origine d’environ 140 000 décès par an, selon le ministère de la Santé. Elles sont logiquement l’une des principales causes de morbidité et de consommation de soins avec plus de 15 millions de personnes traitées pour maladie, risque cardiovasculaire ou diabète. Les agriculteurs n’en sont pas épargnés et présentent même un surrisque pour certaines pathologies, selon une étude de la MSA.

Un surrisque chez les agriculteurs de plus de 65 ans

Une étude statistique de la MSA révèle qu’en 2019 les maladies cardiovasculaires affectaient 14% des assurés du régime agricole (soit 410 000 personnes) ; une part plus importante de 8%, comparée à la population de tous les régimes d’assurance maladie confondus. Le rapport explique cet écart par « la structure démographique plus âgée du régime agricole » et met en évidence « un risque accrue chez les non-salariés agricoles de 65 ans et plus ». Ces maladies touchent principalement les hommes qui ne sont plus en activité, sans toutefois épargner les femmes. Par rapport aux assurés des autres régimes, les non-salariés agricoles présentent un surrisque de plus de 2% d’être touchés par les maladies cardiovasculaires tandis que les salariés agricoles présentent un sous-risque de 1%. Des données peu caractéristiques selon le Docteur Christine Ferrand, médecin conseil à la MSA Auvergne mais qui, selon elle, témoignent malgré tout tant « du manque de praticiens dans les zones rurales » que « de la dureté du métier et du milieu social».

Hérédité, hygiène de vie, charge mentale et ruralité

Les facteurs de risques cardiovasculaires sont à la fois liés à l’hérédité, le sexe et l’âge mais aussi à l’hygiène de vie. Selon la Fédération Française de Cardiologie : entre 30 et 70 ans, quatre décès cardiovasculaires sur 10 sont dus au tabagisme. La consommation quotidienne d’alcool accroît considérablement les risques. L’obésité et le surpoids ainsi que la sédentarité jouent un rôle tout aussi important notamment dans le développement de certaines pathologies favorables aux maladies cardiovasculaires tels de l’excès de cholestérol, le diabète et l’hypertension artérielle. Pour le Docteur Christine Ferrand, le rôle de l’anxiété, du stress et de la fatigue ne sont pas à négliger. « La charge mentale à laquelle sont confrontés les agriculteurs est considérable. Chez des personnes présentant un ou plusieurs facteurs de risques, elle peut participer à détériorer l’état de santé et favoriser l’apparition de ces maladies. » De même, si l’activité physique régulière permet de réduire les risques, elle peut tout autant l’augmenter si elle est associée à une intense fatigue. Or, le métier d’agriculteur laisse peu de place au repos. « Un sportif de haut niveau va fournir un effort intense sur une longue durée mais son programme d’entraînement comprendra plusieurs phases de repos réparateur. Certains agriculteurs, je pense notamment aux éleveurs, n’ont que quelques heures de sommeil avant de devoir se remettre au travail, ce qui est loin d’être suffisant.» À cet ensemble s’ajoute l’isolement de la profession qui, comme l’ensemble des habitants du monde rural, a de plus en plus de difficultés à accéder aux soins spécialisés mais aussi généralistes. « Il y a en plus dans le monde rural, cette culture de ne pas se plaindre, d’endurer la douleur et de ne pas aller chez le médecin pour rien ! »

Devenez acteur de votre cœur

Fort heureusement, chaque personne peut devenir acteur de sa santé et éloigner les risques cardiovasculaires. « Cela devrait commencer dès l’école » pour le Docteur Christine Ferrand. « Mieux manger, de façon plus équilibrée, ne coûte pas plus cher et ne prend pas plus de temps contrairement aux idées reçues. » Une activité physique régulière, ne pas fumer et limiter sa consommation d’alcool sont également des gestes à adopter. Plus spécifiquement pour les agriculteurs, le médecin conseil de la MSA invite à lâcher prise. « Donnez-vous du répit. » La mutualité propose d’ailleurs d’accompagner les exploitants ou salariés de la production agricole en situation d’épuisement professionnel pour leur permettre de souffler et de prendre soin d’eux. Après une évaluation sociale de la situation, un plan d’action personnalisé est proposé aux agriculteurs qui pourront bénéficier par exemple : d’aides au départ en vacances, «séjours-répit», temps de loisirs ; groupes de paroles, consultations psychologiques, séances de sophrologie… Et surtout « n’attendez pas la catastrophe et ce pour n’importe quelle maladie que ce soit (...) consultez votre médecin ».

Sources : étude statistique de la MSA, Fédération Française de Cardiologie

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Les gestes qui sauvent

L’arrêt cardiaque peut survenir n’importe où : à la maison, à la ferme, dans le tracteur…. Chaque témoin devient alors la première personne à pouvoir agir, avant que les secours n’arrivent. En milieu rural, ceux-ci peuvent avoir un délai rallongé, or chaque minute qui passe sans agir représente 10 % de chances de survie en moins pour la victime.

Si vous êtes témoin d’un arrêt cardiaque, entreprenez de toute urgence les gestes qui sauvent :

- appelez les secours (15) : décrivez ce que vous avez vu et l’état de la victime (elle est inconsciente, elle ne respire pas…), donnez l’adresse précise du lieu où se trouve la victime, dites ce qui a été fait ou ce qui est en train d’être fait (victime étendue, le massage cardiaque est commencé…), si rien n’a été fait, suivez les consignes qui vous sont données. Surtout, ne raccrochez pas avant que l’opérateur ne le précise.

- débutez immédiatement le massage cardiaque : allongez la victime sur le dos sur une surface dure ; mettez-vous à genoux contre la victime, sur le côté ; positionnez les mains l’une sur l’autre, un peu en dessous du milieu du thorax, les bras bien tendus ; appuyez de tout votre poids, bien au-dessus (ce ne sont pas les bras ni les mains qui appuient mais tout le corps) ; ce sont des pressions fortes (enfoncez les mains de 5 à 6 cm dans la poitrine) et relâchez complètement le thorax entre chaque compression. Effectuez les pressions sur un rythme régulier de 100 par minute, par séries de 30 compressions consécutives. Même si vous avez l’impression de mal effectuer le geste, continuez : mieux vaut un massage cardiaque imprécis que pas de massage cardiaque du tout.

Lors d’une fibrillation ventriculaire, le cerveau souffre très rapidement : il n’est pas alimenté en oxygène car le sang ne circule plus. Au-delà de 5 minutes d’arrêt du cœur, si on ne fait rien, les lésions cérébrales commencent à être irréversibles, puis la situation s’aggrave ensuite jusqu’au décès. Le massage cardiaque permet de relancer la circulation sanguine et donc l’oxygénation des cellules cérébrales. Les associations suivantes organisent, régulièrement sur tout le territoire, des formations aux gestes qui sauvent : Association nationale des Premiers secours ; La Croix-Rouge Française ; Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France ; Fédération des Secouristes Français ; Ordre de Malte ; La Protection civile.

Source : Fédération Française de Cardiologie


 

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Le cœur des femmes

Après trente années de recherche et de sensibilisation, les maladies cardiovasculaires (MCV) sont en baisse d’une manière générale, tous sexes et tous âges confondus. Aujourd’hui pourtant, elles constituent la première cause de mortalité chez les femmes, avec une nette progression du nombre d’infarctus chez les femmes jeunes (+ 19 % avant 65 ans entre 2008 et 2013 +5 % par an entre 45 et 54 ans).

Les femmes meurent plus que les hommes de MCV. Ces maladies tuent 6 fois plus que le cancer du sein. « Risques minimisés, prise en charge tardive, traitements non adaptés ou moins souvent mis en place, réadaptation non prescrite ou négligée en sont les principales raisons » d’après la Fédération Française de Cardiologie.

Du côté des femmes, cela s’explique par des modifications défavorables de leur mode de vie (tabac, sédentarité, mauvaise alimentation, stress...). Des risques spécifiques liés à des facteurs hormonaux ou reproductifs se surajoutent aux facteurs dits « traditionnels ». L’impact du tabagisme ou du diabète est plus important chez les femmes : respectivement +25 % et +50 % de surrisque de maladie vasculaire.

L’ignorance ou la sous-estimation des symptômes anormaux, la priorisation des obligations familiales et professionnelles au détriment de leur santé sont également les causes de ce surrisque. D’après la Fédération, 74% des femmes n’identifient pas les maladies cardiovasculaires comme 1ère cause de mortalité féminine (le cancer étant placé en premier par 63% d’entre elles). Et 55% des femmes pensent que les maladies cardiovasculaires touchent essentiellement les plus de 50 ans – alors qu’il y a un risque croissant chez les moins de 50 ans.

Malgré tout, les femmes restent « peu représentées dans les études cliniques » et selon la fédération « l’atypicité de leurs symptômes reste méconnue des médecins généralistes ».

MC, source Fédération Française de Cardiologie



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