Pastoralisme : un enjeu européen voire mondial
Si la France célèbre en 2022 les 50 ans de sa loi sur le pastoralisme, l’idée de développer un cadre législatif de dimension plus large se développe depuis plusieurs années. Dès octobre 2019, le Comité européen des régions avait plaidé pour une meilleure prise en compte du pastoralisme dans la Pac et dans la politique environnementale et sociale de l’Union européenne. Le 14 juin dernier, le Comité européen des régions a organisé une conférence ayant pour thème " le pastoralisme, un atout essentiel pour relever les défis de la durabilité dans l’Union européenne et au-delà ". Cette conférence a donné la parole à des décideurs européens, des représentants de la Commission européenne et du Parlement européen et des organismes de défense du pastoralisme en Europe. Plusieurs tables rondes ont permis d’identifier les défis actuels du pastoralisme européen et de proposer des solutions pour améliorer la durabilité de ce modèle. La dernière d’entre elles portait sur la manière dont l’Europe et plus globalement la scène internationale peuvent davantage soutenir le maintien de pratiques pastorales durables à l’avenir.
Une urgence à agir
Il faut dire que les évènements ayant trait au pastoralisme se bousculent aujourd’hui dans l’agenda européen et international. En Europe, le Green Deal porte des ambitions élevées en matière de préservation de l’environnement, d’adaptation au changement climatique et de protection de la biodiversité. Le maintien du pastoralisme se révèle, dans cette optique, essentiel pour atteindre les objectifs de l’Union européenne. Plus largement, le pastoralisme contribue à plusieurs des Objectifs de développement durable formulés par les Nations Unies. Sur initiative du ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de l’Industrie légère mongole, l’année 2026 sera d’ailleurs l’Année internationale des parcours et des éleveurs. Un évènement qui permettra de plaider pour une gestion durable des pâturages afin d’assurer la sécurité alimentaire à l’échelle globale mais aussi de rappeler les menaces subies aujourd’hui par le pastoralisme à travers le monde. En Europe par exemple, si 30 % des terres sont utilisées pour des pratiques pastorales, une baisse de 12 % des zones de pastoralisme a été observée entre 1990 et 2003. Pour Juan-Andres Gutierrez, président d’Euromontana, association pour la coopération et le développement des zones de montagne, les États membres doivent dès à présent mettre en œuvre des mécanismes de soutien au pastoralisme dans le cadre de leurs plans stratégiques nationaux en vue de la future Pac. Surtout, il invite la Commission européenne à adopter sans plus tarder un Plan d’action européen pour le pastoralisme qui, dans la lignée de la Vision à long terme pour les zones rurales et du Green Deal, doit proposer des mesures concrètes de maintien des pratiques pastorales.