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Pas d’eau, du froid, du chaud où comment la météo s’est déchainée sur les blés

À l’occasion de son Circuit Vert et la visite de ses essais, Arvalis est revenu sur la campagne en cours et explique comment les aléas climatiques corrélés au stade stratégique du blé ont participé à l’état actuel des cultures.

Sur les plateformes d’essais d’Arvalis, les conditions climatiques n’ont pas joué en la faveur des expérimentations.

Ce n’est plus un secret depuis bien longtemps, la campagne céréalière 2018/2019 est inédite. Inédite dans le mauvais sens du terme. « Avec à peine 200 mm cumulés entre l’automne 2018 et début juin, la Limagne a le même climat que la région Occitanie. » Manque de pluies, gelées tardives, coups de chaud, le tout à des stades sensibles du blé, Chloé Malaval-Juery, ingénieur sur la région Auvergne pour l’Institut, confirme à travers ses observations qu’à aucun moment la météo n’a joué en faveur des cultures de Limagne.

Faute d’eau, l’azote s’envole

Cartes pluviométriques de la région en main, l’ingénieur commence par dresser un tableau bien sombre. « Chaque mois de l’année a été déficitaire en pluie depuis l’automne dernier. C’est du jamais vu. » La Limagne Sud, le Sancy et l’Artense sont les secteurs puydômois les plus secs avec jusqu’ici moins de 20 mm/mois. Le département de l’Allier n’est pas épargné puisqu’Arvalis a relevé moins de 300 mm sur la même période. Si le manque de précipitations en automne a limité le développement des plantes, l’ingénieur précise que tout s’est joué au printemps. « Le mois d’avril a véritablement tout fait basculer » et encore une fois dans le mauvais sens ! A cette période des apports azotés, « 15 mm dans les 15 jours suivant l’apport sont nécessaires à sa valorisation par les plantes ». Or, souvenez-vous, c’est justement à ce moment précis que le thermomètre s’est affolé. Chloé Malaval-Juery est formelle : « la fertilisation n’a pas été valorisée […] il y a eu beaucoup de pertes par volatilisation ». Pire encore, en l’absence complète d’eau, même l’azote contenue dans le sol n’a pas pu être captée par les plantes. La faible biomasse désormais observable témoigne clairement, selon l’ingénieur, d’un « problème d’accès à l’azote ». Dans les essais conduits par l’Institut, un manque de « 10 tonnes de matières sèches (MS)/ha » a été relevé dans le Puy-de-Dôme, « une valeur semblable à celle de nos témoins qui reçoivent zéro azote ». À contrario sur les plateformes de l’Institut dans l’Allier, « le niveau de MS/ha est correct ».

La fécondation malmenée

Le stade Epi 1 cm (E1C) est déterminant à la réussite de la culture du blé. En Limagne cette phase a été atteinte entre le 16 mars et le 6 avril selon l’Institut. A cette date, le déficit pluviométrique était déjà important et se poursuit encore aujourd’hui. « Le blé est en stress hydrique permanent depuis ce stade, en Limagne Nord et Sud, dans les parcelles non irriguées. » Les températures extrêmes et le manque d’eau du 15 avril jusqu’à la mi-juin ont également eu une influence désastreuse sur la fertilité des blés. « Durant la méiose (stade de production du pollen), il y a eu trois phases où les températures matinales ont frôlé les 0°C. Ces conditions peu favorables se sont pour- suivies à la floraison avec une alternance de températures fraîches et de coups de chaud. Clairement, la fertilité n’a pas été optimale. »

Les conséquences précises de ces épisodes lors de la fécondation ne seront connues qu’après la moisson.

Entre 10 et 50% du potentiel perdu

L’ensemble de ces éléments climatiques, recroisés avec les données agronomiques, offre des explications limpides à la situation dans les deux départements de l’Allier et du Puy-de-Dôme. Les jeux sont faits et désormais chacun attend avec une impatience malheureuse les premières moissons. En s’appuyant sur les plateformes d’essais d’Arvalis, Chloé Malaval-Juery se risque à plusieurs estimations de rendement. Ces dernières sont élaborées en fonction du nombre de talles/le nombre de plantes. Bien que la population fût « très bonne en Limagne à la sortie de l’hiver », les conditions printanières n’ont clairement pas participé à l’entretenir et la développer. De ce fait, l’ingénieur a relevé un nombre d’épis au mètre carré très en dessous de la moyenne : « nous avons -100 épis / m² par rapport à la médiane ». Si la suite de la saison se déroule sans anicroche, les plateformes de Sardon (63) pourraient parvenir à un rendement de 50 quintaux/ha soit une perte entre 10 et 40% du potentiel. En Limagne Sud, à Vic-le-Comte, l’ingénieur relève sur ses essais une perte de 30 à 50% du

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