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Journée laitière
«Nous ne sommes plus des producteurs de lait mais des éleveurs de produits»

Interview de Dominique Barrau, producteur de lait, Secrétaire général de la Fnsea et président de la Fdsea Aveyron. Dominique Barrau est le parrain des journées professionnelles laitières organisées dans le cadre des Folies Laitières de 2004 et du 15 mai 2007.

L’environnement de l’agriculture de Montagne, et plus particulièrement de la production laitière, est en train de changer. Quelle est votre vision de l’avenir ?
Il y a près de 35 ans- en 72, 73- nos prédécesseurs ont fait un choix majeur et fondamental en négociant des soutiens pour corriger les handicaps physiques et permanents des zones de montagne et permettre ainsi d’être des acteurs agricoles sur l’ensemble du territoire. Je crois à cette politique de la montagne qui, une fois que le handicap est corrigé, peut évoluer dans le cadre d’une politique globale. Aujourd’hui, nous devons défendre cette notion de correction de handicap.
Depuis plusieurs années, la production laitière de montagne a fait évoluer ses pratiques fromagères et développé différentes opportunités de différenciation telles que le label et les Aoc. Ces politiques de différenciation ne sont pas une spécificité des zones de montagne , elles sont vraies sur l’ensemble du territoire. Reste maintenant que tout le lait ne peut être transformé et certifié de la sorte ; les producteurs en marge doivent donc pouvoir évoluer au sein de démarches de territoire.

Et vous croyez que cela est possible ?
Oui, j’y crois parce que la montagne, par ses activités, a su rester attrayante et répondre aux différents besoins des consommateurs. Et les éleveurs de montagne sont les seuls capables de faire le lien entre la montagne, le vivant et le consommateur


Quelles sont les démarches initiées pour aller dans ce sens?
Il y a vingt ans, les pouvoirs publics ont mis en place le décret Montagne. Ce dernier ouvrait la possibilité d’utiliser le territoire montagne sur un produit, mais il a été très peu utilisé. Puis, en décembre 2000, le décret a été toiletté et la profession s’est engagée dans la démarche à travers l’Association Altitude. L’objectif était d’amener de la cohérence et de fédérer les producteurs autour de l’identification produit de Montagne. C’était l’opportunité de peser auprès de l’ensemble de la filière et d’être reconnus par les consommateurs.
Nous ne sommes pas là pour être des jardiniers de l’espace mais pour que notre production perdure. Et nous avons tous les moyens demain pour être encore dans la course et dans les activités agricoles européennes.


On annonce, dans un avenir plus ou moins proche, des bouleversements importants comme la fin des quotas. Quelle voie doivent suivre les producteurs pour s’adapter ?
Soyons francs ! la fin des quotas est décidée, c’est 2015. La seule question qui reste en suspens est de savoir comment la préparer ? Heureusement, nous avons commencé à anticiper cette disparition en initiant la démarche Montagne. Les différentes études de consommation montrent que nos concitoyens sont prêts à acheter du lait de Montagne dans la mesure où celui-ci participe à faire vivre les zones montagnardes.
Les éleveurs qui se sont organisés et qui ont su fidéliser leur clientèle sont ceux qui resteront malgré la suppression des quotas laitiers. Désormais, il faut être des éleveurs de produits et non plus de simples producteurs de lait.

“Notre production laitière a toute sa place sur le marché”

Quel était l’objectif de la rencontre professionnelle du 15 mai dernier ?
Notre ambition était de réunir les producteurs autour de la filière et de réfléchir ensemble aux pistes que nous pouvons mettre en place pour valoriser notre lait.
Je crois qu’il est important, à un moment donné, de prendre un peu de recul pour échanger, discuter et mieux comprendre la filière et les marchés. C’est ce que nous avons fait en organisant cet hiver six réunions laitières sur l’ensemble de la PRA en partenariat avec la Chambre d’agriculture, l’EDE, l’AGFA -pour les parties technique et économique- et avec Thierry Boulleau du SIDAM sur la partie prospective de la production laitière.
Ces rencontres ont ouvert de multiples interrogations quant à l’autonomie fourragère de notre zone, la culture de l’herbe de nos montagnes. Elles ont aussi soulevé des débats quant aux moyens de valorisation de notre lait et la pérennité des soutiens.
Entre AOC fromagères, qualité, savoir-faire et environnement, nous avons des atouts à mettre en valeur. Et l’actualité récente nous l’a rappelé ! L’affaire Toury a montré que finalement nos territoires de montagne ont plus d’intérêt qu’on ne le croit ; ils sont convoités, montrant ainsi que les producteurs laitiers de la PRA et du Massif central en général, ont bien toute leur place dans la production !


Quelle suite souhaitez vous donner à cette journée d’échanges ?

Nous ne sommes pas les seuls à réfléchir à l’avenir de la production laitière. D’autres régions, d’autres producteurs l’ont fait. Nous voulons simplement apporter notre pierre à l’édifice sur la question de la valorisation du prix du lait. Et je souhaite que notre travail soit repris au plan régional pour aider les producteurs de lait à aborder l’avenir avec une plus grande lisibilité et sérénité.

 

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