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Témoignage
Méthanisation : solution d’avenir en milieu agricole

Bertrand Duprat, agriculteur méthaniseur et vice-président de l’association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), revient sur son expérience.  

Méthaniseur

En 2014, Fabien et Bertrand Duprat s’associent au sein du GAEC de Laschamp (à Saint-Maigner dans le Puy-de-Dôme) avec le projet d’y installer une unité de méthanisation afin de revaloriser les déchets agricoles en digestat(1), fertilisant inodore aux vertus agronomiques intéressantes. Aujourd’hui, vice-président de l’AAMF, Bertrand Duprat est convaincu que le développement de cette activité représente une solution d’avenir pour tendre vers la souveraineté énergétique et redynamiser les territoires ruraux en créant de l'emploi.

Un projet gagnant-gagnant

Depuis les prémices de leur projet de méthanisation en cogénération(2), les deux associés entretiennent une discussion continue avec les élus locaux et les habitants par le biais de réunions, visites et de journées portes ouvertes. Ces derniers se sont rapidement montrés favorables : leur sensibilisation aux projets de développement durable avait déjà été entamée, notamment lors de l’installation des centrales photovoltaïques au sein de l’exploitation. En outre, la consommation de l’énergie produite est prioritairement locale. D’après l’agriculteur, le développement des projets de méthanisation représente de multiples opportunités pour les collectivités : une solution de tri des déchets, un apport d’énergie et une potentialité d’activité intéressante car créatrice d’emplois non-délocalisables : « sur le long terme, la méthanisation participe à redynamiser les territoires ruraux ».
Pour assurer leur intégration, les porteurs de projets devront « bien s’intégrer dans leur village en dialoguant, en veillant à préserver le bien-être des habitants (notamment en ce qui concerne la circulation ainsi que les nuisances sonores et olfactives), et en valorisant les bienfaits de cette technologie. Pour cela, il faut travailler en synergie avec les élus ».

Développement des circuits courts

Afin d’assurer un apport suffisant à son unité de méthanisation (d'une puissance de 250 kW), la SARL DVD (développement vertueux durable) se fournit chez une dizaine de voisins exploitants, leur permettant ainsi de valoriser leurs effluents d’élevages, et souhaite développer ses partenariats avec des fournisseurs de matières issus de l’agroalimentaire et de l’agro-industrie. « Tous les ans, ce sont 2 millions de kWh qui sont produits par l'unité, soit l’équivalent de 2,5 heures de fonctionnement d’une centrale nucléaire... ».
Les zones d’épandage se situent en moyenne à 3,5 km du site (les plus proches étant attenantes), une proximité qui prend tout son sens face à la hausse du prix du gasoil. Grâce à leur digestat certifié bio, « même les agriculteurs en AB du coin n’ont plus à chercher bien loin ! ».

Formation et main-d’œuvre

La formation est une étape obligatoire : « entretien, sécurité, biologie… il faut maîtriser ces sujets pour que les banquiers et les assureurs suivent ! Aujourd’hui, je continue de me former régulièrement » explique l’exploitant qui, avec son associé, emploie trois salariés et un apprenti. « Il faut du monde pour assurer les astreintes et la surveillance ! En étant seul ou trop peu, il y a plus de risque de burn-out ou d’erreurs commises à cause de la fatigue : le pilotage demande des compétences solides et une bonne réactivité ».
Sur la question de la formation, Bertrand Duprat ajoute : « l’alternance offre une expérience de terrain indispensable aux jeunes dans cette filière qui promet de nombreux débouchés professionnels ».

Un investissement important

Le raccordement au réseau de gaz coûte souvent plus cher que le raccordement électrique. C’est pourquoi, pour les exploitations éloignées de ce réseau, il est plus intéressant d’envisager un projet en cogénération. Pour l’agriculteur, il est important d’acheter des équipements de qualité : « les agriculteurs qui souhaitent se lancer doivent se comporter comme des industriels » prévient-il. Bertrand Duprat n’a aucun doute sur la pertinence de ces investissements car de nouveaux usages arrivent : « depuis peu, on a intégré Orbimob(3), pour participer à leur réflexion autour de la mobilité durable. Par ailleurs, l’AAMF coordonne un groupement d’achat pour les tracteurs et les installations de stations-service à la ferme ».

Sensibilisation et fédération

« Notre région est aujourd’hui dotée de constructeurs dynamiques et expérimentés, mais le monde agricole reste timide car il garde l’image de premiers projets mal conçus et d’investissements lourds à porter » constate Bertrand Duprat. « Les bureaux d’études ne suffisent pas, il faut aussi visiter des exploitations avec les mêmes typologies d’intrants que les siennes et échanger avec les porteurs de projet pour apprendre de leurs erreurs et reproduire ce qui fonctionne chez eux ». Pour pallier au manque de sensibilisation et de formation, des associations existent : l’AAMF, par exemple, rassemble un précieux réseau d’exploitants qui s’élève aujourd’hui à près de 500 adhérents, mais « peu d’entre eux viennent du Puy-de-Dôme » se désole le vice-président. L’association travaille actuellement sur la création d’une antenne régionale.
 

(1) Digestat : résidus, ou déchets
« digérés », issus de la méthanisation des déchets organiques
(2) Cogénération : (production conjointe d’électricité et de chaleur)
(3) OrbiMob : association qui travaille sur le développement de la mobilité durable en AuRA.

 

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