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ÉCONOMIE
L'irrigation est-elle encore rentable ?

Dans les ASA, le coût de l'irrigation à l'hectare a été multiplié par deux en réponse à la flambée des prix de l'énergie alourdissant considérablement les charges de production alors que les prix des céréales entament une sérieuse descente.

 

  

Entre hausse des prix de l'énergie et baisse des cours des céréales, l'irrigation devrait peser plus lourd cette année dans les charges de production.
Entre hausse des prix de l'énergie et baisse des cours des céréales, l'irrigation devrait peser plus lourd cette année dans les charges de production.
© Réussir

La flambée des coûts énergétique n'épargne personne, pas même les irrigants. Du côté de l'irrigation collective, les ASA du Puy-de-Dôme bénéficient d'un contrat EDF 2022 à 2024 de fourniture d'énergie, « conclu en décembre 2021 après un appel d'offre organisé par l'ADIRA, basé sur un sourcing ARENH(1) (dont le volume global octroyé en France est de 100 Twh(2)/an à 42€ Mwh) » précise Michel Saintemartine, de la Somival(3). En 2022, la production d'électricité permettait de remplir les engagements ARENH sans trop de difficultés maintenant donc les tarifs. L'année suivante cependant la crise énergétique s'est accentuée. « Les fournisseurs se sont rués sur cette disponibilité ARENH ce qui a conduit à un écrêtement, autrement dit à chercher un complément d'électricité au prix du marché. » Au bout de la chaîne, cela se traduit dans les ASA par des tarifs de l'électricité multipliés par quatre et un doublement de la cotisation pour les agriculteurs, à consommation équivalente.

Des cotisations doublées

En Limagne Sud, sur le plateau du Lembron, l'ASA du même nom a ouvert son réseau il y a quelques jours. Sur ces terres séchantes, l'irrigation a un rôle salvateur en permettant de quasiment doubler les rendements. Annabelle Borot, agricultrice à Vichel, l'observe depuis de nombreuses années dans ses parcelles : « là où nous pouvons arroser, nous atteignons des rendements en blé entre 60 et 70 q/ha contre 35 à 40q/ha dans les autres parcelles ». De même, l'irrigation a permis le développement de cultures à forte valeur ajoutée tel que le maïs semence et plus récemment l'ail pour l'industrie Rochias. L'augmentation des tarifs de l'électricité engendre un coût supplémentaire pour les irrigants de l'ASA du Sud Lembron. De 430€/ha souscrits de frais de fonctionnement, les adhérents devront débourser cette année 710 €/ha pour 2 500 m3/ha. Aucune association syndicale autorisée n'est épargnée par cette inflation. La cotisation de l'ASA de Basse Morge atteint 630 €/ha souscrits pour 2 900 m3/ ha ; l'ASA des Brayauds 775 €/ha pour 2 500 m3/ha et l'ASA de la Couze Chambon nord 1 080 €/ha pour 4 100 m3/ha. « En moyenne, la hausse se traduit dans les associations par un doublement de la cotisation 2022. Elle est plus importante dans certains secteurs en raison du matériel utilisé et donc de la quantité d'électricité consommée » conclut Michel Saintemartine.

L'effet ciseau risque de couper l'eau

La semaine dernière, le prix du blé affichait 241 €/t (contre 325 €/t fin mars 2022), le maïs 248 €/t (contre 340 €/t en mars 2022) et le colza 436 €/t (contre plus de 800 €/t en mars 2022). « Face à de tels prix et à la hausse considérable des coûts d'irrigation, certains agriculteurs réfléchissent à ne pas arroser bien que les charges de productions soient déjà engagées sur les cultures. Il est difficile de savoir quoi faire » précise Annabelle Borot.
En plus de l'économie s'ajoute la météorologie qui vient complexifier un peu plus la prise de décision. « Les terres sont très sèches du fait du manque d'eau de cet hiver. Le peu qu'il est tombé ces dernières semaines (environ 30 mm) s'est vite évaporé. » Faire une croix sur l'irrigation reviendrait à amputer considérablement la production céréalière 2023 déjà en souffrance du fait de la sécheresse hivernale. Le sort en décidera peut-être à la place des agriculteurs. Le déficit pluviométrique sur l'ensemble du territoire national ne garantira pas un accès optimal à l'eau et l'application de restrictions pourrait intervenir tôt dans la saison. « L'irrigation 2023 risque d'être limitée. Les cotisations dans les ASA seront donc fractionnées en deux ou trois appels de façon à s'adapter à la situation et à la consommation » précise Michel Saintemartine. Il n'en demeure pas moins qu'en l'absence de l'augmentation des cours des céréales, l'irrigation risque de peser son poids dans la balance économique des exploitations de Limagne.

1 : Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (ARENH) permet à tous les fournisseurs alternatifs de s’approvisionner en électricité auprès d’EDF dans des conditions fixées par les pouvoirs publics.
2 : 1 TWh = 1 milliard de kWh.
3 : Bureau d’études coopératif dans les domaines de l’eau.

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