Tabac
Les tabaculteurs Auvergnats demandent plus à Périgord Tabac
Dans un contexte d’attente des soutiens de l’Etat vis-à-vis des tabaculteurs, la coopérative Périgord Tabac a retardé la tenue de ses assemblées générales. Les producteurs ont été nombreux à intervenir.

La salle des fêtes de Saint Laure accueillait l’assemblée générale de section des producteurs de tabac Auvergne-Bourbonnais ce mardi 8 février. Une assemblée de section avant l’assemblée générale de la coopérative Périgord Tabac [voir encadré].
Le président de Périgord Tabac était là. Les tabaculteurs auvergnats ont été nombreux à réagir pour exprimer leur désaccord et leur inquiétude face au mauvais résultat annuel de la coopérative: « on va dans le mur ! » a dit l’un d’eux. « J’assume. Nous avons fait le choix de soutenir la production cette année » a répondu Jacques Beaudoin, le président. Sur l’année écoulée (2009/2010), il y a eu une augmentation des surfaces plantées, que la coopérative a suivi en payant à tous les producteurs le prix commercial, plus les aides du plan d’urgence toujours en attente [voir encadré].
« A présent, il nous faut soutenir les prix à moyen terme » a ajouté Jacques Beaudoin, faisant référence aux engagements pris par le ministre en fin d’année de soutenir les producteurs : plan d’urgence pour l’année 2010, et soutien jusqu’en 2013.
Moins de conseil technique, un préjudice
« Le technicien parti il y a un an et demi n’a pas été remplacé. On est en train de perdre au niveau technique ! » a fait remarquer un producteur. Ce à quoi Jean-Louis Duron, administrateur et tabaculteur d’Auvergne, a répondu qu’il avait accepté d’attendre pour remplacer, au vu de la situation non stabilisée des aides compensatoires. L’Auvergne-Bourbonnais n’accepte pas de ne bénéficier que d’une moitié de temps plein de technicien alors que les Charentes, la Dordogne et la Corrèze en disposent de 5. « La production est beaucoup plus concentrée en Limagne, plus aisée à visiter qu’en Dordogne où le temps de trajet est important» a tempéré Jacques Beaudoin. L’affectation d’un autre technicien pour compléter le mi-temps a été évoquée et envisagée.
Un prix commercial encourageant pour 2011
Questionnés sur les baisses de charges envisagées pour l’année 2010-11, les administrateurs ont indiqué réfléchir à mutualiser certains services avec d’autres coopératives qui couvrent les mêmes secteurs. Une baisse de la masse salariale liée à un arrêt d’expérimentation avec France Tabac est aussi programmée. Concernant les recettes 2010-11, Jacques Beaudoin a indiqué : «les négociations commerciales avec les fabricants de cigarettes se sont plutôt bien passées : Le prix payé (prix commercial) sera de 2.80€/kg, soit près de 50% de plus qu’il y a un an».
L’Auvergne- Bourbonnais ne veut pas être mise à l’écart des autres sections de la coopérative. « En 2011, un essai sur une nouvelle machine à récolter le Burley, avec mise sur cadre en bout de champ, sera réalisé en Auvergne » indique Jacques Beaudoin.
Mais un contexte peu propice à l’investissement
« Les décisions concernant le plan d’urgence, la Pac 2013 et les aides de l’Etat doivent être prises rapidement. Sinon c’est la production qui va disparaître » met en garde Jean-Louis Duron. « La survie de la tabaculture passe par l’inscription du tabac dans les productions fragiles, nécessitant un recouplage et un soutien jusqu’en 2013 » dit Jacques Beaudoin.
Dans ce contexte, la récolte 2010 se présente comme « moins bonne que prévue, à cause de problèmes d’humidité lors de l’effeuillaison » a expliqué Jean-Louis Duron.
Les aides de l’Etat et de l’Europe au tabac
Le bilan de santé de la Pac n’a pas avantagé les producteurs de tabac : le tabac est en effet l’une des cultures dont 50% de l’indemnité compensatoire (versée en 2001-2002) a été retirée pour être réaffectée à d’autres productions, par le biais du second pilier de la Pac. Les 50% qui lui reviennent le sont sous forme de l’aide découplée (Dpu). Le 3 novembre 2010, les producteurs ont manifesté à Paris. Le gouvernement français a promis une enveloppe pour 2010 (plan d’urgence) destinée à compenser la baisse de prix. Et pour les 3 années suivantes, une aide sous forme d’émargement aux aides du second pilier (article 68- mesures de soutien aux productions fragiles). « A ce jour, nous n’avons eu encore aucun engagement écrit de ces promesses, rien n’a encore été versé ! » explique Jacques Beaudoin.