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Productions animales
Les producteurs de lait à l’offensive

”Il n’est pas question d’accepter une baisse du prix du lait en 2007” : l’avertissement lancé par Henri Brichart, président de la Fnpl* fait figure de mot d’ordre pour l’année qui s’ouvre.

Ils étaient plus de deux cents producteurs de lait, réunis près de Paris à l’occasion du Conseil national de la FNPL. Une rencontre marquant une étape importante pour la Fédération des producteurs de lait : la réforme de la Pac est maintenant en place, il faut préparer l’avenir. “Il sera combatif”, à entendre Henri Brichart, président de la fédération.


Manifestations en grandes surfaces
Le premier combat est très proche : dès le mois de décembre, les éleveurs s’inviteront dans les grandes surfaces de distribution. Objectif : « Peser pour que les grandes surfaces acceptent une juste répartition de la valeur ajoutée dans la filière ». Selon l’analyse de la FNPL, la grande distribution a largement profité de la réforme de la Pac et de la baisse du prix du lait qui en est résulté. Il faut donc qu’elle accepte de céder une part de sa marge au profit de l’amont : les entreprises mais aussi les éleveurs. Henri Brichart ne nie pas la difficulté du dossier. Plaider pour des prix corrects à l’heure où tous les politiques, en campagne présidentielle et législative, vont parler pouvoir d’achat des Français, ce sera délicat. Mais c’est bien le pouvoir d’achat des 100 000 producteurs de lait qui est concerné.
L’action chez les grandes surfaces n’est qu’un élément d’une stratégie plus générale : « Il n’est pas question d’accepter une baisse du prix du lait en 2007», clame Henri Brichart. Depuis trois ans, en raison des marchés mais aussi de la réduction des prix garantis par Bruxelles, le prix du lait à la production est en baisse. Cela doit s’arrêter, estiment les producteurs. Les conditions de marché sont plus favorables : les prix des produits transformés industriels sont plutôt à la hausse, ceux du lactosérum explosent, littéralement, tandis que ceux des produits de grande consommation se tiennent à peu près. Excepté pour le beurre, il n’est pas prévu de nouvelle baisse de prix d’intervention en 2007. Les prochaines réunions interprofessionnelles de fixation des prix à la production seront cruciales. « On va tout faire pour que les prix recommandés soient annoncés en hausse », affirme le chef de file des producteurs.

 

Les politiques sensibilisés
Deuxième front, celui de la politique agricole commune. À peine trois ans après une réforme de l’OCM lait (Organisation commune du marché du lait), Bruxelles pense déjà à une nouvelle modification. Hausse des quotas, baisse des prix d’intervention… C’est un grand vent libéral qui semble souffler du nord, principalement sous l’influence des Néerlandais et Danois.
La France, avec ses acteurs industriels multiples, a tout à perdre de cette libéralisation (contrairement aux pays du Nord qui n’ont plus, souvent, qu’une seule grande coopérative de transformation), tant des quotas que de l’intervention. Alors, la FNPL entend faire pression, en février ou mars, à quelques semaines des élections politiques, auprès des élus de tous bords. Les producteurs de lait leur exposeront également les risques inhérents aux négociations à l’OMC. Celles-ci sont au point mort mais un accord a minima n’est pas exclu. «On sent les pouvoirs publics peu mobilisés par ces questions », regrette Henri Brichart. D’où la nécessité de sensibiliser ceux qui seront au pouvoir au printemps prochain. Ceux qui se plaisent tant à évoquer les bons fromages français, les entreprises ancrées sur les terroirs et l’emploi qu’elles développent, « doivent savoir qu’un grand vent de libéralisme peut facilement balayer tout cela ! ».
Un fonds pour investir
Le troisième front des producteurs de lait est à plus long terme et sera sans doute plus complexe à mettre en œuvre. Il leur faut « solidifier » la collecte laitière en s’assurant qu’existent les outils industriels nécessaires. Solidifier, cela signifie faire en sorte que tout producteur de lait puisse être collecté par un transformateur. Or, la fin de 2005, pour la première fois dans l’histoire, a vu certains producteurs menacés de ne pas pouvoir envoyer leur lait dans une laiterie.
Face à la défaillance possible de capitaux privés pour la transformation en produits industriels, l’interprofession laitière (Cniel) va donc créer un outil financier lui permettant d’investir ou de susciter des initiatives industrielles. Dès 2007, le Cniel devrait dégager 4 millions d’euros à cette fin. Il n’est pas question pour l’instant d’augmenter la cotisation interprofessionnelle : le Cniel réorientera un certain nombre de dépenses pour faire face.

L’œil sur les structures industrielles
Si cette initiative concerne essentiellement la transformation en produits industriels (beurre, poudre, lactosérum) les producteurs restent aussi attentifs à l’évolution des structures industrielles dans les domaines plus rentables tels que les produits de grande consommation. Depuis plusieurs années, ils demandent aux transformateurs de faire des efforts de regroupements, notamment pour peser plus lourd face à la grande distribution. Ils ont peut-être été entendus : depuis quelques mois, une nouvelle phase dans la réorganisation laitière semble en œuvre : Sodiaal a pratiqué un regroupement d’activités sur le lait de consommation autour d’Orlait ; plus récemment, plusieurs partenaires, autour d’Eurial Poitouraine se sont entendus pour créer une usine de Mozzarella ; dans la foulée sera créée une usine d’ingrédients laitiers. Cependant, en ce qui concerne les débouchés, la grande inconnue porte sur l’avenir de Yoplait et d’Entremont, deux entreprises pesant lourd sur les marchés laitiers et appartenant à des fonds financiers. « S’ils échappaient au contrôle des Français, on considérerait cela comme un échec », affirme Henri Brichart. Une manière de faire comprendre que l’avenir des producteurs passe de plus en plus par l’avenir de l’industrie elle-même.
D’après Agra-presse

• FNPL : Fédération nationale des producteurs de lait

Editorial de Pascal Servier, président de la FDPL du Puy-de-Dôme
« Passer à l’action pour des euros ! »
C’est le mot d’ordre lancé par la FNPL lors de son dernier conseil national. Pourquoi passer à
l’action ? Pour aider la FNPL à relayer la volonté des producteurs de lait français de voir enfin augmenter le prix du lait à la production. En effet, depuis
5 ans les producteurs de lait ont subi les affres de la dernière réforme de la PAC. Maintenant nous sommes au bout de ses effets. Il est temps de redonner à la filière laitière des marges plus importantes pour être plus efficace demain. Aujourd’hui il faut que nous retrouvions des perspectives d’augmentation du prix de notre produit. En décembre, la FNPL rencontrera transformateurs et distributeurs pour une première approche de la campagne future. Au mois de janvier, l’étape suivante portera sur les négociations pour le prix du lait.
Nous constatons que la réforme de la PAC a permis aux distributeurs de se faire des marges non négligeables sur notre dos avec une certaine complicité des transformateurs.
Alors, à l’appel de la FNPL ainsi que de la FDPL 63, associez vous à nous pour réclamer des euros supplémentaires sur le prix du lait lors d’actions qui auront lieu partout en France dans la première quinzaine de décembre.
Notre mobilisation sera le premier argument porteur de notre réussite. Nous comptons sur vous, pour un prix du lait équitable, pour une filière laitière forte, pour une agriculture de terroir, de qualité et des producteurs au revenu décent.
Vous avez droit à votre part. Venez la réclamer avec nous.
Renseignements auprès de la FDPL au 04.73.44.46.90.

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