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Le veau, une filière à découvrir

Focus sur le poids économique de la filière régionale veaux, quelques repères technico-économiques et les enjeux sociétaux.

La filière veaux de boucherie régionale a besoin de nouveaux producteurs pour renouveler la génération
d’éleveurs qui part à la retraite.
La filière veaux de boucherie régionale a besoin de nouveaux producteurs pour renouveler la génération
d’éleveurs qui part à la retraite.
© @DR

« Au Sirha 2019 à Lyon, la finale du concours du Bocuse d’Or a mis à l’honneur la viande veau, rappelait Angélique Delaire, représentante de la filière veaux au sein d’Interbev Auvergne-Rhône-Alpes, en guise d’introduction à la journée dédiée à la filière veaux de boucherie. Nous souhaitions poursuivre sur cette dynamique en organisant une journée dans un élevage pour montrer comment sont élevés les veaux qui produisent de la viande de qualité, pour combattre les idées reçues, et pourquoi pas, susciter des vocations. » D’où le rendez-vous donné début avril sur l’exploitation du Gaec des Valérins à Epercieux-Saint-Paul (Loire). Acteurs de la filière, administration, élus, organi- sations professionnelles et techniques (chambres d’agriculture, Criel, …), établissements d’enseignement agricole, éleveurs… étaient conviés à cette journée, qui a été l’occasion de mettre en avant le poids économique de la filière.

Auvergne-Rhône-Alpes recense 273 ateliers élevant plus de 100 veaux par an, représentant 165 000 veaux produits à l’année (136 000 sont abattus dans la région). Un tiers des places sont sur litière en paille et deux tiers sur caillebottis. La région présente quelques spécificités : un veau sur six est produit selon le cahier des charges d’une démarche de qualité (Label rouge, agriculture biologique…). 20% des veaux sont de races Montbéliarde ou Prim’holstein. Les types raciaux des veaux produits se répartissent ainsi : 42% de races à viande, 22% de races laitières, 36% de croisés. Les veaux sont abattus en moyenne à 166 jours d’âge à un poids moyen de 129 kg.

Une douzaine d’intégrateurs mettent en place des veaux dans la région. Les abatteurs régionaux valorisent plus de 82% de la production régionale. Les distributeurs s’engagent également localement : enseignes de la grande distribution, artisans bouchers, restauration collective.

La filière veaux de boucherie représente, en Auvergne-Rhône-Alpes, 26 millions d’euros de chiffre d’affaires dégagés lors de la mise en place des animaux en bâtiments, 180 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés sur les carcasses sortant des abattoirs (sans découpe) et 366 millions d’euros de chiffre d’affaires de vente aux consommateurs.

La Région propose une aide dédiée aux investissements pour de la création ou du réaménagement de bâtiments. En 2018 (jusqu’à octobre), deux nouveaux bâtiments ont vu le jour dans la région. Le Conseil régional soutient également un plan de valorisation de la qualité des cuirs (vaccination et traitement contre les poux).

Renouvellement des générations

Angélique Delaire expliquait «qu’un atelier de veaux de boucherie peut être mis en place pour assurer un complément de revenu, mais aussi pour l’installation d’un jeune (400 places). Ce type d’élevage convient tout à fait à des personnes organisées et rigoureuses. Le temps de travail et le rythme de l’élevage sont bien cadrés. La production ne subit pas les aléas climatiques et le travail s’effectue à l’abri ». De plus, « c’est une production rémunératrice ». Différents types de contrats existent : paiement à la place, au veau, au résultat technico-économique. « Le système d’intégration est sécurisant ; il assure une rémunération régulière pour l’éleveur. »

Angélique Delaire estime que « la filière veaux n’est pas connue. Elle n’est pas présentée dans les écoles d’agriculture ». De plus « elle souffre d’un problème de renouvellement. Une génération d’éleveurs part à la retraite ; elle a besoin d’être remplacée. »

Angélique Delaire expliquait également que l’interprofession est à la recherche d’éleveurs de veaux pour intégrer le réseau d’élevages Inosys veaux de boucherie, dont l’objectif est de suivre l’évolution des exploitations, de produire et diffuser des références techniques et économiques, de réaliser des études spécifiques. Le réseau a commencé à se mettre en place en 2017. L’objectif est qu’il compte 120 élevages qui soient représentatifs de la production française.

Références technico-économiques

D’ores et déjà, l’étude des exploitations ayant déjà intégré le réseau Inosys veaux de boucherie met en évidence qu’une majorité des bâtiments sont en dur (86% en dur, 14% tunnels) et sur caillebottis (97% sur caillebottis et 3% sur paille). Les énergies renouvelables sont utilisées pour chauffer l’eau : 21% avec du bois en plaquettes, 21% avec des panneaux solaires. La productivité du travail est très diverse selon les élevages : 198 à 510 places pour 1 UMO. Les durées d’engraissement sont variables selon le type racial, ce qui joue sur la rotation des lots (1,84 lot par an pour des veaux Prim’holstein, 2,00 pour des veaux croisés lourds, 1,93 pour des veaux croisés légers et 1,91 pour des veaux mixtes). L’énergie est le principal poste de charge pour un producteur intégré (21 euros par place, hors annuités). Viennent ensuite la consommation d’eau et le lavage (par tiers). D’autres charges viennent s’ajouter comme l’épandage (par tiers), l’assurance, les frais d’EDE et de CVO, l’entretien, ainsi que les annuités, les frais financiers et de gestion…

Utilisation raisonnée des antibiotiques

La journée portes ouvertes a également été l’occasion d’évoquer les enjeux sociétaux de la filières veaux à travers le Pacte pour un engagement sociétal et le plan filière veaux. La réduction des antibiotiques était également à l’ordre du jour. L’indicateur qui mesure le niveau d’exposition des veaux aux antibiotique, l’Alea, est passé de 5,86 en 2013 à 3,29 en 2016. En 2015 a été créé, par l’Anses-ANMV et l’Institut de l’élevage, à la demande d’Interbev veaux, l’observatoire pérenne de l’usage des antibiotiques en filière veaux de boucherie, qui constitue un dispositif unique en France. Il est constitué de 40 élevages appartenant majoritairement au réseau Inosys veaux de boucherie et a pour vocation à être étoffé. Il vise à calculer plusieurs types d’indicateurs d’exposition aux antibiotiques, dont l’Alea, qui doivent servir de support pour des actions nationales sur les usages raisonnés des antibiotiques.

La section Veaux d’Interbev a lancé, également en 2015, une campagne de sensibilisation à cette thématique, impliquant l’ensemble des acteurs de la filière : éleveurs, intégrateurs, vétérinaires, techniciens. La première action a été l’élaboration d’une charte interprofessionnelle de bonne maîtrise sanitaire et de bon usage des traitements médicamenteux en production de veaux de boucherie. Elle repose sur quatre outils : l’observatoire pérenne des usages, les recommandations des bonnes pratiques, le guide des bonnes pratiques d’hygiène et des formations (éleveurs, techniciens).

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