Blé tendre
Le progrès génétique, facteur majeur de blés plus résistants et résilients
Céréale la plus cultivée au monde, le blé tendre fait l’objet depuis neuf ans d’un programme de recherche ambitieux baptisé Breedwheat. Le projet a accéléré la sélection de variétés combinant rendement et adaptation au changement climatique.

A l’occasion d’un webinaire, les acteurs(1) de BreedWheat ont fait un point d’étape sur les principales avancées du projet, labelisé dès 2011 au titre des programmes d’investissement d’avenir. Il y a neuf ans, confrontée depuis plusieurs décennies déjà à une stagnation des rendements, la filière a décidé de prendre le taureau par les cornes. " Le changement climatique (chaleurs et sécheresses) sont les deux causes principales de ce statu-quo. Le progrès génétique généré par le travail des sélectionneurs a permis tout au mieux de compenser ces effets négatifs avec toutefois le constat d’une grande variabilité des rendements entre régions et entre années. Il nous fallait donc aller plus loin ", explique Jacques le Gouis, directeur de recherche à l’Inra et coordinateur du projet BreedWheat. Première étape du projet : le décryptage complet du génome du blé tendre.
Le blé est en effet longtemps resté la dernière céréale majeure pour laquelle aucune séquence de référence n’était disponible parce qu’il possède l’un des génomes les plus grands et les plus complexes du règne végétal.
220 variétés évaluées au champ
" Cette séquence constitue un formidable outil de connaissance. L’information est encodée en partie dans les quelques 107 000 gènes qui se répartissent le long des 21 chromosomes et dont l’expression concertée régit le développement du blé et sa réponse à son environnement ", poursuit le chercheur. De quoi donner du grain à moudre aux sélectionneurs pour isoler des marqueurs et phénotyper des variétés répondant aux trois contraintes majeures que sont : le déficit en azote, la sécheresse et la résistance aux maladies. Grâce au projet, 220 variétés ont été évaluées au champ à travers 27 expérimentations menées durant trois ans. " L’idée est d’aller rechercher la diversité génétique. Nous avons sélectionné parmi les 12 000 accessions(2) hébergées par le centre de la ressource biologique des céréales à paille de Clermont-Ferrand, un panel de 4 600 accessions de blé tendre. Nous avons croisé, recombiné des variétés pour introduire des facteurs d’intérêt. Aujourd’hui, nous testons les résultats au champ ", témoigne Jérémy Derory de la coopérative Limagrain. Et certains résultats sont plutôt encourageants. " Breedwheat a permis de produire à grande échelle et de manière collective des innovations de méthodologies et de variétés qui vont pouvoir être partagées. Nous avons avancé significativement sur la compréhension du progrès génétique et sur son adéquation par rapport aux défis à relever. On a un progrès génétique constant, et il est visible dans les situations où le stress hydrique est faible ou intense. Cela nous laisse beaucoup d’espoir pour les variétés plus adaptées aux phénomènes extrêmes ", conclut Jean-Pierre Cohan d’Arvalis.
(1) 28 partenaires publics et privés réunis autour d’un programme qui a généré 3,7 milliards de données de génotypage ; 50 publications scientifiques ; et 27 collaborations nationales et internationales.
(2) Lot identifié de semences d'une banque de semences.