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Autonomie fourragère
Le pâturage hivernal des bovins, une opportunité à saisir ?

Lors du Sommet de l’élevage, l’IDELE présentait les résultats d’essais de pâturage hivernal menés dans trois élevages bovins du Grand Ouest. 

Même couvertes de quelques centimètres de neiges, l'herbe reste appétante pour les animaux, à condition qu'elle soit bien verte.

Avec le réchauffement climatique, les sécheresses et coups de chaleur estivaux contraignent les éleveurs bovins à puiser dans leurs stocks fourragers de plus en plus tôt dans l’année. En parallèle, les hivers s’adoucissent au profit d’une pousse d’herbe plus prolifique. Dans ce contexte, le pâturage hivernal, en valorisant les restes de l'arrière saison et la pousse d’hiver, permettrait de réduire le recours aux stocks fourragers entre décembre et février, améliorant ainsi l’autonomie fourragère des exploitations. Pour mettre en évidence les intérêts de cette pratique, et évaluer ses éventuels impacts sur la prairie le reste de l’année, l’Institut de l’élevage (IDELE) a mené une expérience de deux ans, sur des lots de bovins en croissance, dans trois fermes du Grand Ouest (La Blanche Maison (50), Trévarez (29) et Thorigné d'Anjou (49)). Les résultats de l’étude ont été présentés cette année lors du Sommet de l’élevage. « Les fermes participantes ont économisé entre 7 et 14 tonnes de matière sèche » rapporte Raphaël Boré, chargé de projet en alimentation à l’IDELE.
Quantité et qualité de l’herbe
« Le pâturage hivernal convient mieux aux animaux ayant des besoins modestes » explique Pascale Faure, conseillère fourrage à la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. En adaptant le nombre d’animaux à la quantité d’herbe disponible au démarrage et à la croissance journalière de l’herbe en hiver, l’éleveur met ainsi toutes les chances de son côté pour satisfaire les besoins alimentaires de ses lots pâturant. Dans les fermes testées, où la croissance hivernale de l’herbe a été estimée entre 5 et 7,5 kg MS/ha/jour, les résultats en termes de quantité d’herbe ingérée sont similaires : entre 8,5 à 9,8 kg MS/vache/jour. Seuls un lot de bœufs normands de 24 mois, dont les besoins étaient supérieurs à ceux des autres bovins testés*, ont nécessité un apport de fourrage complémentaire (3,3 kg MS/animal/jour en moyenne). Par ailleurs, l’étude met en évidence une belle qualité d’herbe hivernale, « feuillue et jeune avec de très bonnes valeurs alimentaires ! ». En atteste la bonne croissance des bovins mis à l’essai.
Concernant la quantité d’herbe produite à l’année, « aucune différence n’a été constatée entre les zones pâturées et zones témoins (non pâturées) », détaille l’IDELE.
Économie de litière, de carburant… et de temps ?
Au-delà de diminuer les coûts d'alimentation des fermes participantes (fourrages et concentrés), le pâturage hivernal leur a fait économiser entre 3 et 3,5 tonnes de paille. Dans un même temps, « elles ont gagné du temps à la distribution d’aliment, au paillage, au raclage et à l’épandage. La quantité de travail mécanique, et par conséquent, les besoins en carburant, ont également été réduits » précise Raphaël Boré de l’Idele. Toutefois, « cela signifie aussi que moins de fumier est disponible pour l’épandage (…) Le déplacement et la surveillance des bêtes, la vérification des clôtures et, dans certains cas, l’apport de fourrage complémentaire, constituent un temps de travail supplémentaire non négligeable » nuance Pascale Faure de la Chambre. La diminution du temps de travail ne va donc pas de soi, et dépend du système en place. Pour la conseillère, « la plupart des éleveurs pratiquant le pâturage hivernal le font par manque d'espace dans leur bâtiment ».
Limiter le piétinement
Pour pratiquer le pâturage hivernal, les parcelles doivent présenter une bonne portance afin de limiter l’impact du piétinement sur la structure du sol et le couvert printanier. De surcroît, le chargement des prairies ne doit pas dépasser 1 UGB/ha. « En sortie d’hiver, il est important de rentrer les animaux pendant environ deux mois (février-mars) pour laisser le temps aux pâtures de se régénérer » explique Pascale Faure. Durant l’expérience menée par l’IDELE, « aucun effet délétère n’a été constaté au niveau des prairies, et leur composition botanique n’a été que très peu impactée ». Un point de vigilance est tout de même émis par l’Institut concernant le surpiétinement des chemins empruntés par les bovins lors de leur déplacement d’une parcelle à l’autre. Dans le cas d’apports de fourrage complémentaire au champ, « les râteliers et points d’abreuvement sont également des zones très exposées au piétinement » avertit Pascale Faure. Pour éviter ce phénomène, plusieurs options s’offrent aux éleveurs : déplacer régulièrement les râteliers, opter pour le déroulement de balles pour mieux répartir la pression exercée par les bêtes ou stabiliser les zones les plus fréquentées.

* Le premier lot était composé de bœufs et génisses Limousins croisés Angus âgés de 10 à 24 mois, le deuxième de génisses Prim’Holstein gestantes de 19 mois et le troisième de bœufs normands de 24 mois.

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