«Le cahier des charges : des contraintes et des opportunités pour les producteurs»
Le cahier des charges du Saint-nectaire évolue pour faire du fromage auvergnat
un indispensable. Marie-Paule Chazal, directrice de l’interprofession refait le point.
L e Saint-nectaire deviendra peut-être un jour le fromage préféré des français. Si là est bien le but des producteurs, ils peuvent d’ores et déjà être fiers d’être sur le bon chemin. Cependant, même si le fromage séduit de plus en plus de palais, l’interprofession poursuit ses travaux pour améliorer la qualité du Saint-nectaire. L’alimentation ou encore l’origine des animaux sont autant de points en phase d’évolution. Marie-Paule Chazal, directrice de l’interprofession Saint-nectaire revient sur ces différents sujets.
Après les nombreuses inquiétudes des producteurs, où en-est le dossier sur l’alimentation 100% fourrage sec ?
Marie-Paule Chazal : La commission d’enquête de l’INAO a indiqué aux professionnels de l’AOP en février dernier que l’alimentation 100% fourrages secs devait rester l’objectif de la filière. Cependant, elle a proposé, pour les exploitations dans l’impossibilité de s’y conformer, une possibilité de maintenir les fourrages humides mais dans des conditions extrêmement strictes. Ces dernières portent notamment sur la réduction importante de concentrés dans la ration, et l’apport de garanties de qualité des fourrages humides (récolte, conservation…). Pour l’heure, le conseil d’administration travaille sur des propositions qui seront transmises en septembre prochain à la commission d’enquête de l’INAO pour être ou non approuvées. Ensuite, elles seront transmises au Comité Permanent de l’INAO qui validera ou non à son tour le projet. Le dossier peut durer encore un an… Aujourd’hui, tant qu’il n’est pas validé à l’Inao, l’alimentation 100% fourrage sec s’appliquera en 2017. Cette situation est loin d’être simple pour les producteurs et doit trouver rapidement un aboutissement.
Au premier janvier 2015, seul le lait des vaches nées et élevées sur la zone Saint-nectaire
bénéficiera de l’appellation. Les producteurs sont-ils prêts ?
M-P C. : Un état des lieux a été réalisé par l’EDE et montre qu’au 1er janvier 2014 plus de 60% des élevages ont plus de 8 animaux sur 10 issus de la zone. Seulement 10% des élevages ont moins de quatre animaux sur dix. Pour eux et certainement pour les 30% restant, l’objectif va être difficile à atteindre au 1er janvier 2015. Nous avons donc négocié avec l’organisme certificateur CertiPaq la possibilité d’un plan de «mise en conformité». Les éleveurs volontaires pourront bénéficier d’un à trois ans de délai supplémentaire pour atteindre les 100% de vaches nées et élevées sur la zone Saint-nectaire. L’unique contrainte qui leur est fixée pour bénéficier de ce délai est d’atteindre dans les six premiers mois du plan, 50% du troupeau issu de la zone. L’évolution du troupeau sera bien entendu suivie par l’EDE et les éleveurs auront à leur charge les paiements des contrôles supplémentaires, par souci d’équité avec les éleveurs conformes sur ce point. Nous sommes conscients que ce qui est demandé est très restrictif au regard de la zone réduite que nous avons. Un réseau entre naisseurs et éleveurs doit donc être construit et développé pour atteindre cet objectif.
Le cahier des charges du Saint-nectaire devient de plus en plus exigeant. Cette rigueur est-elle vraiment nécessaire ?
M-P C. : Il ne me revient pas de répondre à cette question. Le cahier des charges est là pour apporter des spécificités à ce produit du terroir pour qu’il ne ressemble à aucun autre ailleurs. Ce sont les professionnels, au sein de l’interprofession, qui décident de ce que doit être ce cahier des charges. Il ne faut pas négliger l’importance des AOP fromagères. Elles apportent une dynamique importante sur le territoire tant dans les domaines touristique qu’économique et d’aménagement du territoire. L’Appellation Saint-nectaire ne fait pas exception. La consommation de ce fromage progresse d’ailleurs sur une grande partie de la France et particulièrement dans l’Ouest. Les pratiques de production font partie de la qualité du fromage AOP.
Premier concours des vaches Saint-Nectaire
Le 15 août, la commune de Chastreix accueillera le premier concours des vaches laitières de la zone Saint-nectaire (dans le cadre du concours national du fromage St-nectaire). Cette première du genre permettra de valoriser les différentes races servant à la production du Saint-nectaire. Les concours se dérouleront dans le bas du village où seront installés l'ensemble des rings. Les vaches laitières Prim'Holstein et Montbéliarde seront jugées dans une dizaine de catégories.