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L'avenir de la FDGDON dans un épais brouillard

La FDGDON du Puy-de-Dôme voit cette année encore son budget diminuer considérablement malgré l’infestation de campagnols terrestres dans plusieurs secteurs du département.

Le campagnol terrestre continue de sévir sous les prairies puydômoises pourtant la FDGDON est contrainte de réduire sa surveillance faute de financements.
Le campagnol terrestre continue de sévir sous les prairies puydômoises pourtant la FDGDON est contrainte de réduire sa surveillance faute de financements.
© Christian Gloria

La Fédération Départementale de Gestion des Organismes Nuisibles (FDGDON) est l’unique organisation assurant la surveillance et la lutte contre le campagnol terrestre. Ce petit rongeur à l’appétit de géant sévit plus que jamais dans le sud-ouest du territoire puydômois. Il occasionne chaque année, avec plus ou moins de vigueur, d’importants dégâts dans les prairies jusqu’à mettre à mal l’autonomie fourragère de certaines exploitations. Les pertes économiques sont considérables et avérées. Pourtant, dès maintenant, la FDGDON divise par deux la surveillance du nuisible faute de financements. « À partir d’aujourd’hui, seulement 12 jours de surveillance sont consacrés au campagnol contre 24 jours en 2018 » regrette Sandrine Laffont, ingénieur à la FDGDON 63.


Des informations au compte-gouttes


Les 300 adhérents de la FDGDON devront désormais s’appuyer sur une surveillance du campagnol édulcorée. Sandrine Laffont sera moins présente dans les prairies pour estimer les populations de taupes et de campagnols sous terre. « La priorité étant donnée aux communes avec un risque élevé de pullulations » explique-t-elle. Dans les communes qui ne sont plus suivies par l’ingénieur de la FDGDON, un référent bénévole assurera les observations. « Il s’agit de techniciens de différents organismes agricoles qui ont été formés par nos soins, en partenariat avec VetAgro Sup. »
Malgré cette solution de secours, Philippe Bonhomme, président de la FDGDON et éleveur à Tauves ne décolère pas. Témoin et victime de ces dévoreurs de prairies, « occasionnant une perte économique allant jusqu’à 25 000€/exploitation » il voit cette baisse de financement comme un affront supplémentaire. « Nos gouvernements veulent nous faire travailler bénévolement ! Nos administrations exigent des relevés de surveillance mais comment l’assurer si nous n’en avons pas les moyens ? » Un désengagement d’autant plus incompréhensible que plus d’une dizaine de départements français sont concernés par l’infestation des campagnols terrestres.


Un problème de catégorie ?


« Le campagnol terrestre devrait être classé en catégorie 1 au niveau européen » affirme le président de la FDGDON. Aujourd’hui, le ravageur entre dans la case de la catégorie 2 soit « des dangers de moindre gravité pour lesquels il peut être nécessaire, dans l'intérêt collectif, de mettre en œuvre des mesures de prévention, de surveillance ou de lutte » (source agriculture.gouv.fr) Requalifié en catégorie 1, le campagnol terrestre rejoindrait ainsi la flavescence dorée (jaunisse de la vigne) ou encore la bactérie Xylella fastidiosa (nuisible sur 200 espèces végétales) pour lesquels « des mesures de prévention, de surveillance et de lutte sont rendues obligatoires par l'autorité administrative ». Cette classification, à l’origine française et adoptée au niveau européen, est aujourd’hui remise en cause. « Désormais, il n’y a plus qu’un seul classement et le campagnol n’y figure pas » précise Philippe Bonhomme. Si faire entrer dans des cases le ravageur ne résout pas le problème sur le terrain, la suppression du classement n’encourage pas pour autant sa lutte. « Cela nous amène à penser qu’à l’avenir nous n’aurons plus de fonds européens pour le campagnol et alors quid du FMSE(*) ? » Sur la campagne 2017-2018, plus de 130 agriculteurs ont demandé une indemnisation. Cette année, ils sont plus de 170 à avoir souscrit au contrat de lutte ouvrant aux droits du FMSE.


Une lutte restreinte


Ces indemnisations sont nécessaires et indispensables pour combattre le nuisible. Peu de moyens sont à disposition des agriculteurs et ces derniers ont un coût et sont soumis à réglementation. L’année passée, la FGDON a vendu plus de 1 220 Kg de Ph3 pour détruire les taupes et 10 tonnes d’appâts secs. « Nous avons eu des échos selon lesquels la bromadiolone ne serait plus homologuée dans deux ans » précise Sandrine Laffont.
Le Ratron GL® à base de phosphore de zinc, arrivé sur le marché français, éveillait de nombreux espoirs mais plusieurs essais démontrent des résultats peu satisfaisants. « Il y a un problème d’appétence. La DRAAF doit conduire une prospection en Allemagne où le phosphore de zinc est appliqué sur des carottes et betteraves lyophilisées. »


Quel avenir pour la FDGDON ?


Cette baisse globale de financement ne concerne pas uniquement la surveillance du campagnol terrestre mais aussi celle de tous les autres organismes suivis par la FDGDON. Les filières ail et pommes de terre seront observées seulement 6 jours/an chacune. « Il n’y aura plus de BSV Ail. Mes observations sont transmises à la Chambre d’agriculture de l’Ain en charge de la rédaction d’un BSV « cultures légumières » rassemblant 26 espèces » explique Sandrine Laffont, ingénieure de la FDGDON. Là encore, la perte d’information est considérable car « peu ou pas de techniciens, formés au suivi de ces cultures, sont présents sur le département ».
Un contexte loin de satisfaire Philippe Bonhomme d’ores et déjà soucieux de la fusion des FREDON qui prévoit l’absorption des FDGDON. « Nous recevrons nos missions de Lyon ! Je crains de ce fait que les priorités ne soient données ailleurs. Nous avons encore un an de délai pour discuter de l’avenir de nos FDGDON. Je vais me battre pour que quelque chose survive. Je ne veux pas que nos adhérents se retrouvent seuls avec leurs problématiques de nuisibles. » Des agriculteurs désormais sur le qui-vive. Les campagnols toujours dans les prés attendent les premières pluies pour reprendre leur activité favorite.

Mélodie Comte


(*) Fonds de mutualisation pour indemniser les pertes subies.

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