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Transmission
La transmission, une affaire à préparer

Entre quatre et cinq années sont nécessaires avant de céder son exploitation pour se donner le temps d'optimiser son départ tant sur l'aspect fiscal que psychologique.

 

Transmission de l'exploitation
Transmettre son exploitation demande de la part du cédant d'acquérir un certain détachement ; d'où l'importance d'entamer les démarches en avance.
© Fotolia

Mettre fin à plus de 40 ans de carrière, lourde de souvenirs étroitement liés au patrimoine familial, n'a rien de simple. La transmission des exploitations agricoles fait pourtant écho à des enjeux majeurs. Dans le Puy-de-Dôme, environ 50% des exploitants agricoles ont plus de 55 ans. D'ici cinq à dix ans, près de la moitié des agricultrices et agriculteurs du département devra être renouvelée pour maintenir l'activité économique et le tissu agricole dans les zones rurales. Pour Philippe Voyer, conseiller transmission à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, "la réussite de la transmission repose en partie sur les choix du cédant".


La transmission, une étape psychologique


La première étape à toute transmission, et non des moindres, repose entièrement sur le cédant et ses volontés. Transmettre ce que l'on a mis tant d'années à bâtir, demande d'acquérir un certain détachement. "Le cédant a toujours des difficultés à accepter que sa ferme ne sera plus la sienne. C'est encore plus dur d'accepter qu'il est possible de faire autre chose de son outil. C'est normal, surtout que cette génération d'agriculteurs a souvent commencé sa carrière avec 20 hectares pour finir avec près de 100 hectares aujourd'hui " explique Philippe Voyer.
Avant de débuter une quelconque démarche, le conseiller transmission accompagne donc les futurs cédants dans cette réflexion. Cette étape de remise en question et de projection personnelle est essentielle à la transmission de l'exploitation. Sans cette "préparation psychologique", l'outil pourrait être "difficilement transmissible" surtout si sa taille est importante. "Selon les secteurs, les fermes de grandes tailles sont difficiles à vendre d'un seul tenant. Elles demandent beaucoup d'investissements de la part du repreneur et, dans le contexte actuel, la rentabilité n'est pas garantie. Le prix des terres, des bâtiments ou encore du matériel a bondi tandis que celui des produits agricoles est quasiment le même depuis 30 ans."
Le cédant doit donc émettre l'hypothèse d'un possible morcellement de son outil et d'avoir recours à la location. Là encore, l'aspect psychologique de la démarche a son importance. "Je rencontre très souvent des cédants qui se voient au bout du système et n'imaginent pas d'autres choses pour leur ferme. Ils doivent s'en détacher et voir qu'il y a d'autres productions possibles tout aussi rémunératrices." Malgré tout le poids du sentimental, Philippe Voyer est de plus en plus confronté à des agriculteurs qui "vendent bien leurs terres" et certains même "qui cèdent leur maison".


Se donner le temps


Une fois cette ligne tracée, l'exploitation agricole est inscrite au Répertoire Départ Installation (RDI) qui rassemble toutes les offres de cessation ou d'association (plus de 60 dans le Puy-de-Dôme). L'exploitation est dans le même temps qualifiée et diagnostiquée pour en révéler les points forts et les points faibles. "Sa valeur patrimoniale et économique est déterminée. Les conseils sur le parcours à la transmission seront affinés selon ces résultats."
D'après l'expérience de Philippe Voyer, il faut compter "entre quatre et cinq ans avant la cessation de son exploitation". Le plus long est de trouver un repreneur et d’affronter les démarches administratives. Parfois, il est également conseillé de reporter sa date de départ à la retraite pour "optimiser sa sortie fiscale".
Ces étapes et ces questionnements sont valables aussi bien pour une transmission hors-cadre que familiale, y compris dans le cas d'un enfant unique. "Le droit est extrêmement dense et complexe. Parfois il offre des solutions ou à contrario des complications inattendues. Il en va de même pour les droits à la retraite. Il peut y avoir des bonnes et des mauvaises surprises selon les cas. C'est pourquoi il faut se préoccuper de son départ assez tôt pour se préparer."
Malgré tous les efforts qui peuvent être faits, certaines exploitations peinent à trouver preneur. Philippe Voyer analyse cette problématique comme étant le témoin d'un point de rupture où "le manque de valorisation des productions agricoles donne peu confiance aux investisseurs".

 

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