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Foncier
La terre, objet de trop d'attention

Plus de 550 hectares de terres agricoles sont perdus chaque année dans le Puy-de-Dôme au profit des usages d'agréments par les particuliers (loisirs et résidentiel). Ce chiffre s'élève à 4000 ha/an à l'échelle de la grande région.   

La pression foncière n'a de cesse de s'accroître dans le Puy-de-Dôme entre agriculture, loisirs, habitats et énergies renouvelables.
La pression foncière n'a de cesse de s'accroître dans le Puy-de-Dôme entre agriculture, loisirs, habitats et énergies renouvelables.
© M. Comte

Dans le cadre de son nouveau PPAS - plan pluriannuel stratégique - 2022-2028, la Safer AuRA renforce sa présence dans les territoires avec plusieurs réunions décentralisées dans les départements. L'une d'entre-elles a eu lieu dans le Puy-de-Dôme, à Malintrat, le 21 novembre dernier en présence des élus Safer, des professionnels agricoles (syndicats, interprofessions...) et para-agricoles et des élus du territoire. Ce rendez-vous d'un nouveau genre était l'occasion de présenter un bilan d'activité de la Safer dans le département et surtout d'exposer les nouvelles tensions apparaissant sur le foncier non bâti et face auxquelles le rôle de la société anonyme est plus que déterminant dans la préservation des terres agricoles.

Plus de 550 hectares de terres agricoles perdus chaque année

"Nous sommes à un moment crucial face à des conflits d'usages qui se renforcent. Le foncier agricole est encore plus sous pression" alarme Gilles Flandin, président de la Safer AuRA.
Le Puy-de-Dôme n'est pas exempt de cette réalité comme en témoigne les chiffres présentés par Anne-Karine Quemener, directrice de la Safer départementale. "Nous perdons en moyenne plus de 550 ha de surfaces agricoles chaque année." Cette érosion est portée à plus de 4 000 ha par an à l'échelle de la grande région. "Le Puy-de-Dôme est le département qui enregistre le plus de pertes" souligne la directrice. La raison principale est l'achat de petites surfaces agricoles allant de 300 m2 à 3 ha par des particuliers qui les réorientent vers un usage de loisir et/ou résidentiel. Ces acquisitions, mises à bout à bout, supplantent les pertes par artificialisation et ne cessent de s'amplifier depuis la pandémie de Covid. "Les achats par des particuliers hors-département s'accentuent au détriment des terres agricoles." La volonté des vendeurs de céder la totalité de leurs biens d'un seul tenant est une autre de ces causes, selon la Safer Puy-de-Dôme. La société d’aménagement foncier a ainsi observé que bon nombre de ces surfaces agricoles perdues avaient été vendues dans un lot comprenant un bien bâti.

La cabanisation s'étend

Le second phénomène inquiétant dans le Puy-de-Dôme est celui de la cabanisation soit la construction de cabanes ou de petits habitats, sur des surfaces restreintes. "Les demandes de préemption, notamment de la part des communes, augmentent pour conserver la vocation agricole des terres et lutter contre cet usage." La cabanisation des terres agricoles est la bête noire de Gilles Flandin qui craint un égrainement du phénomène, jusqu’ici très concentré en Occitanie. "Cela oblige les Safer à être très réactives(...) Ce sont des batailles très dures. Nous ne pouvons pas tout faire seul, nous avons besoin des communes, des conseils départementaux et régionaux mais aussi, et surtout, du législateur."

La terre, une valeur sûre

Comme si la pression foncière sur les terres agricoles n'était pas encore suffisante s'ajoute l'arrivée des investisseurs.
Porteurs de capitaux, ils souhaitent placer leur fonds "s'élevant parfois à plusieurs millions d'euros" souligne Gilles Flandin, dans l'acquisition de foncier agricole. " Certains disent vouloir conserver ou mettre des fermiers en place. D'autres cherchent à implanter du solaire ou des méthaniseurs." La Safer s'inquiète de l'intervention de ces nouveaux acquéreurs dans un marché déjà sous pression et où la spéculation fait rage. Afin de limiter les conséquences en cascade qui s'annoncent, et notamment les difficultés d'accès au foncier par les jeunes agriculteurs, la FNSafer œuvre à la constitution d'un fonds de portage qui leur serait dédié, avec possibilité d'achat au bout de deux ans. "Il devrait être mis en place en 2023" annonce Gilles Flandin.
Ce nouveau fonds de portage viendra s'ajouter à la liste de ceux déjà existants. S'ils "permettent de contenir les prix dans le respect du marché", leur action est toutefois limitée : "nous ne pourrons pas tenir trop fermement les prix" concède le président AuRA. Les dispositifs de la Safer se révèlent malgré tout efficaces pour permettre aux agriculteurs d'acquérir des terres. "Ils sont d'ailleurs largement employés dans le Puy-de-Dôme" ajoute Anne-Karine Quemener "notamment dans la zone AOP Saint-nectaire et plus largement Cézallier-Sancy-Artense où la pression foncière a fait s'envoler les prix".

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