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Point de vue
Jacques Chazalet : « La Pac doit avoir un effet levier »

© Sophie Giraud-Chatenet

Chef de file de la FRSEA Massif central, Jacques Chazalet revient sur les enjeux de la prochaine PAC en particulier pour l’agriculture du Massif central.

 

Pourquoi le secteur agricole doit-il bénéficier de politique publique spécifique?

Jacques Chazalet : Il n’y a aucune politique agricole qui ne fonctionne sans soutiens publics, dès lors que la production s’appuie sur du vivant, qui est par nature, aléatoire. La capacité de réaction des exploitations agricoles est relativement longue. D’où la nécessité de mettre en place des amortisseurs. Jusqu’en 1992, l’amortisseur c’était l’organisation commune des marchés. Au moment de l’agenda 2000, nous avons tout de suite condamné le système visant à mettre une aide unique et uniforme sur tous les territoires. L’égalité n’est pas l’équité. Aujourd’hui, l’enjeu est de trouver la bonne combinaison entre être dans le marché, avoir la sécurité et assurer à la fois la sécurité alimentaire et aussi permettre aux exploitants agricoles d’avoir une vision d’avenir.

 

Alors que nous sommes entrés dans la dernière ligne droite des négociations relatives à la Pac, quel est l’enjeu essentiel pour le Massif central ?

J.C. : L’enjeu se situe aujourd’hui sur l’élevage dit d’espace. Le système de pâture d’herbe est menacé partout, pas seulement dans le Massif central. A partir du moment où un agriculteur a la possibilité de retourner des prairies pour faire des céréales, aujourd’hui il n’hésite plus. Il y gagne en termes de revenu mais aussi en matière d’allégement de contraintes. L’objectif d’une politique publique telle que la PAC est d’inciter les éleveurs à rester éleveurs. C’est la raison pour laquelle, au niveau du Massif central, nous plaidons en faveur d’un rééquilibrage des aides vers les productions où le revenu est le plus faible. La convergence nationale doit, selon nous, s’appliquer sur le paiement de base. Un paiement qui doit permettre de revaloriser les premiers hectares en ciblant les fourrages et les agriculteurs à titre principal en privilégiant l’actif et en freinant ainsi l’intérêt de l’agrandissement. Dans ces conditions, la PAC a indéniablement un rôle de levier à jouer, mais ce n’est pas le seul. Il est indispensable de revaloriser les prix.

Quelles sont vos revendications concernant le paiement écologique?

J.C. : Nous souhaitons que sa valeur soit uniforme au niveau national dès la première année. Encore une fois sur ce dossier, il est indispensable que la puissance publique face preuve de pragmatisme, en prenant en compte les prairies permanentes et les légumineuses dans les surfaces d’intérêt écologique.

Aussi, il nous semble indispensable d’augmenter les possibilités de retournement de prairies permanentes pour gagner en autonomie fourragère. Les exploitations herbagères doivent, à notre sens, être exonérées de la mesure de rotation.

 

A l’occasion du bilan de santé en 2009, le Massif central était monté au créneau pour obtenir des aides spécifiques pour certaines productions. Qu’en est-il aujourd’hui ?

J.C. : Nous souhaitons que les dispositifs d’aides couplées soient utilisés au maximum pour les productions les plus fragiles.

 

Aider plus ceux qui ont moins, cela passe aussi par une meilleure prise en compte des handicaps naturels…

J.C. : Notre stratégie globale implique évidemment une augmentation conséquente du budget ICHN (indemnités compensatoires de handicaps naturels). Les ICHN représentent actuellement 5,5% du budget de la PAC. Nous souhaiterions que ce budget soit triplé pour atteindre 1,5 milliards d’euros par an, de manière à prendre en compte tous les élevages. Il serait le résultat d’une revalorisation générale du montant des ICHN, de la suppression du différentiel entre les 25 premiers hectares et les 25 suivants, du relèvement du plafond d’hectares éligibles à 75 ha, du basculement du budget de la PHAE vers celui des ICHN et de la reconnaissance de l’ensemble des chefs d’exploitation au bénéfice des ICHN.

 

La PAC est-elle au cœur des discussions du congrès de la FNSEA, qui se termine actuellement à Troyes ?

J.C. : Le huis clos a été important. Il a été évidemment question de la PAC. Il y a le congrès, mais il y aura aussi de nouveaux rendez-vous à Bruxelles, et le prochain Sommet de l’élevage, des 2,3 et 4 octobre. Le Président de la République a dit qu’il viendrait. Nous attendons des engagements spécifiques de sa part, en particulier sur les ICHN.

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