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Production porcine
Faire enfin de l’origine montagne un atout

Avec la marque collective «origine montagne», les filières porcines de montagne souhaitent s’assurer un avenir en utilisant les savoir-faire d’hier combinés aux outils d’aujourd’hui.

 

Il était une fois des fermes de montagne qui élevaient leurs porcs pour préparer de délicieux produits dont toute la famille se nourrissait toute l’année. « Le jour du cochon », était jour de fête. Toute la famille s’afférait à la fabrication des saucisses, pâtés, salés, grillades et autres boudins, dans la joie et la bonne humeur. Ce temps de partage n’est pas si éloigné de nous. Il en reste des savoir-faire que les entreprises charcutières continuent à perpétuer, conscientes que l’altitude et l’air pur des sommets confèrent un supplément d’âme à toutes ces cochonnailles.

La démonstration peut paraître simpliste, un brin nostalgique, mais c’est pourtant bel et bien en prenant conscience de l’image positive que la montagne véhicule auprès des consommateurs que des acteurs de la filière ont décidé, il y a maintenant cinq ans, d’initier une réflexion sur la valorisation de la production porcine de montagne.

Un programme de recherche national a alors été lancé, porté par l’association porc de montagne (APM) et accompagné par l’IFIP (Institut technique du porc) et l’école d’ingénieurs, ISARA de Lyon.

« Le postulat de départ du programme a été de constater que les élevages de porcs de montagne affichaient un différentiel de compétitivité de 7 à 9 centimes du kilo par rapport aux zones spécialisées », explique Bruno Douniès, coordinateur de l’association porc de montagne. Handicaps naturels, faible production de céréales et moindre performance technique des élevages sont autant d’éléments qui ont été mis en avant. Au niveau de la collecte, de l’abattage et de la découpe, là aussi des différentiels de compétitivité ont été mis en évidence.

 

Ensemble

Dans ce cadre là, pas d’autres choix pour les acteurs de la filière de partir unis autour d’un projet fédérateur et gage d’avenir pour la production sur le territoire. C’est en tout cas, le sentiment de Georges Champeix, président d’APM : « L’Association Porc Montagne a été créée en 1997 pour que les éleveurs et les filières porcines de montagne puissent se démarquer des autres bassins de production et compenser par le marché leur différence de compétitivité. Cette association nous permet d’unir nos forces et d’élaborer une stratégie commune pour faire valoir des produits authentiques, cohérents et fidèles à leur territoire ». De cette stratégie commune est née la marque collective « Origine Montagne ». Une marque qui ancre la production sur un territoire donné et par nature infalsifiable. «En ce qui concerne la charcuterie, les signes de qualité existants ne garantissent aujourd’hui que le lieu de transformation ou de fabrication. A présent, Origine Montagne fait bien plus que cela : c’est l’assurance que l’animal est né, élevé, abattu et transformé en zone de montagne. C’est la marque la plus crédible à mon sens, et je suis sûr que les distributeurs et les consommateurs y seront sensibles », témoigne Cyril Colombo, salaisonnier à Saint-Symphorien-sur-Coise dans le Rhône.

 

Une charte

L’objectif est d’arriver à vendre demain plus de produits estampillés « montagne » qui dégagent davantage de valeur-ajoutée pour les éleveurs et tous les opérateurs de la filière. La méthode : des produits de qualité en accord avec les valeurs naturelles et saines véhiculées par la montagne avec à la clé, une grille de paiement différenciée qui sera appliquée à toutes les pièces.

Origine montagne repose sur une charte interprofessionnelle qui prévoit trois engagements : le respect des produits, du patrimoine et la tradition d’innovation en montagne, le respect des territoires de montagne et enfin le respect des hommes.

Point de vue

Le secteur porcin en crise : «un danger pour les autres filières animales»

Pour Christian Guy, vice président de la fédération nationale porcine (FNP) et responsable du dossier montagne, la filière porcine est à un carrefour où des réponses politiques sont indispensables. Mais l’organisation économique est l’autre clé du maintien d’une production porcine en montagne.

 

Lors du dernier Sommet de l’élevage, la section porcine de la FRSEA a été à l’origine d’un débat avec la FNSEA sur la situation des éleveurs. Quelles en étaient les motivations et la situation des éleveurs a-t-elle changé depuis ?

Christian Guy : Le secteur porcin est en crise depuis quatre ans. C’est épuisant pour tous les membres de la filière et d’abord pour les éleveurs. Nous espérions un mieux en 2012, mais l’année n’a pas bien démarré et nous sommes inquiets pour la suite. En montagne, le différentiel de rentabilité avec la plaine est de près de 10 centimes par kilo de carcasse. C’est donc encore plus compliqué pour les éleveurs, chez nous. Nous espérons toujours une hausse des prix surtout avec la mise aux normes bien-être des truies gestantes qui doit être faite pour le 1er janvier 2013, mais il faut des solutions structurelles. On ne peut pas y arriver sans le soutien des organisations généralistes, c’est pour cela que nous avions interpellé le président de la FNSEA. Car, attention, l’effritement de l’élevage de porcs est aussi un danger pour les autres filières animales car il contribue à leur équilibre par son poids dans l’approvisionnement en aliment du bétail et encore plus dans le maintien des abattoirs.

 

Vous demandez une prise en compte des éleveurs porcins de montagne dans la future PAC. Pensez-vous être entendu par Bruxelles ?

CG : Aujourd’hui les éleveurs de porcs n’ont droit à rien ! Sans changement réglementaire, cela sera pareil en 2014. Nous devons donc obtenir une décision politique pour changer certaines règles comme l’éligibilité aux soutiens couplés facultatifs pour certaines productions dans des zones à handicaps ou encore la prise en compte de l’existant dans les MAE(1). Si cette première étape est atteinte, il faudra ensuite trouver des moyens techniques et financiers pour les éleveurs montagne. Cela représentera très peu à l’échelle de la PAC mais serait très important pour toutes les filières animales de montagne. La Commission entend nos arguments mais ne fera rien sans une demande forte des États membres et notamment de la France. C’est ce que nous nous efforçons d’obtenir depuis plusieurs années. Espérons que ce sera le cas… mais pas trop tard. Pour moi, les choses sont simples : s’il n’y a rien, la production porcine de montagne disparaîtra car ce sera impossible de continuer pour ceux qui ne produisent pas leurs céréales.

 

Dans ce contexte, comment le projet « Origine Montagne » s’articule-t-il avec cette démarche syndicale ?

CG : C’est son complément logique. Vous savez, dans la filière porcine, on n’a pas pour habitude de tout attendre de la PAC ! Aussi, pour compenser le différentiel de rentabilité nous tablons sur 50 % par la PAC et 50 % par le marché. C’est donc logiquement que le syndicalisme pousse pour mettre tout le monde autour de la table afin de définir et mettre en place une stratégie de filière. C’est ce que nous avons fait avec la démarche de l’Association Porc Montagne. D’ailleurs, le cœur du réacteur de la Charte montagne d’APM ce sont les plus-values qualité prévues pour les éleveurs. C’est une réussite qui appartient aux éleveurs d’avoir convaincu des transformateurs à entrer dans ce projet. Il reste maintenant à réussir commercialement, mais cela va dépendre des consommateurs et des distributeurs. En tout cas, je crois qu’on a mis le maximum de chances de notre côté pour y parvenir.

 

(1) Mesures Agri-environnement

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