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Interview
" Demander de l’aide n’est pas une honte "

Organisme social, la MSA a pour mission d'aider les agriculteurs en difficultés. Serge Bionnier, Président du Comité Départemental MSA du Puy-de-Dôme, fait le point sur ce dossier majeur mais délicat.

Serge Bionnier invite les agriculteurs en difficulté à oser demander de l'aide.
Serge Bionnier invite les agriculteurs en difficulté à oser demander de l'aide.
© C.Rolle

La question du mal-être chez les agricultrices et agriculteurs préoccupe depuis longtemps la profession. Quelles en sont les raisons principales ?

Les causes de ce mal-être sont multiples. Les agriculteurs sont en effet confrontés à des pressions issues de toute part : exigences sociétales sur des modes de production et des formes de commercialisation nouvelles (attentes de circuits-courts, de produits bio, de services etc…) ; pressions administratives avec des injonctions et des contrôles toujours plus prégnants ; poids des aléas climatiques qui se succèdent depuis plusieurs années et fragilisent les exploitations ; difficultés familiales liées à des situations de divorce, de célibat face au décès ou la vieillesse des parents, de maladie, de cessation d'activités… ; et recrudescence de l’agri bashing.

L'isolement et la solitude conduisent également à des situations de détresse. Même si dans notre département les exploitations à taille humaine, le travail en Cuma, l’existence du Service de Remplacement et d’Agri emploi 63 constituent un réseau social dense vers lequel chacun d’entre nous peut se tourner et trouver une solution. Enfin il y a bien sûr les difficultés financières qui, adossées à des problèmes climatiques supplémentaires, deviennent vite source de stress et de mal-être. La profession le martèle régulièrement : le métier d’agriculteur n’est pas rémunéré à sa juste valeur et cela constitue une source légitime d'inquiétudes. Bref ! les soucis ne manquent pas, et quand ils se cumulent, il est facile de se "noyer" dans ses problèmes.

Comment détecter les personnes ou les familles en détresse et comment et à qui signaler ?

Repérer les personnes en situation de détresse est un exercice difficile. Dans le milieu agricole, on n'est pas très ouvert à exposer ses difficultés. Souvent, l'agriculteur en situation de détresse néglige sa comptabilité, ne répond pas aux courriers, ne paient plus la MSA… mais il continue à faire son travail sur l’exploitation et alors on ne s'aperçoit pas de son mal-être. C'est l'entourage qui peut appréhender les premiers signes, les voisins, les personnes qui viennent sur la ferme mais aussi les organismes agricoles, les coopératives avec lesquels l’agriculteur travaille. Ensemble ils constituent un réseau de vigilance dans lequel interviennent aussi les délégués cantonaux MSA. Ces derniers ont la responsabilité de détecter le malaise de leurs voisins, c'est leur rôle. Ils peuvent ensuite alerter l’assistante sociale et/ou les services dédiés, en toute discrétion, et enclencher une prise en charge pour aider la personne ou la famille en difficulté.

Quels sont les dispositifs pour aider ces personnes en difficulté et leur permettre de reprendre pied ?

Il existe plusieurs outils. La MSA propose une aide au répit. Ce dispositif est octroyé après une évaluation de la situation par l’assistante sociale et le médecin coordinateur ou de famille. Cette aide, entièrement financée, permet à la personne de partir quelques jours, de couper avec son quotidien pour s'éloigner physiquement de ses difficultés et prendre du recul. Si la situation le permet, elle peut s’accompagner également d’un appui psychologique.

Autre dispositif : l'aide au remplacement via le Service de Remplacement du Puy-de-Dôme. Elle intervient en cas de maladie, ou pour une aide à domicile aux familles quand l'équilibre familial est perturbé. Pour accompagner les personnes, les différents services de la MSA (service social, service santé au travail…) sont sollicités.

Mais l’activation de ces aides dépend de la volonté de la personne à se faire aider. C’est le point départ de tout accompagnement, quel qu’il soit. L’agriculteur doit se sentir maître de la décision qu’il prend car personne ne pourra le faire à sa place.

Justement, que conseillez-vous aux agriculteurs qui se sentent acculés face aux difficultés ?

OSEZ ! Osez demander de l’aide, il n’y a aucune honte à cela ! Chacun d’entre nous peut avoir, à un moment de sa vie, des difficultés. Nous ne sommes que des êtres humains dont les fragilités sont parfois accentuées par diverses pressions que nous avons évoquées plus haut dans cet entretien. Il ne faut donc pas hésiter à parler, alerter son entourage ou faire appel aux services sociaux. Être en difficulté ne doit pas être vécu comme un échec mais comme une étape, certes difficile, mais pas insurmontable si l’on sait parler autour de soi. Il y a toujours une solution, la plus mauvaise est de se replier sur soi-même.

Alors n’hésitez pas à contacter les plateformes d'écoute mises en place par la MSA ou par d'autres organismes agricoles. Faites appel à votre délégué MSA qui saura faire remonter votre demande auprès des services dédiés. Et cela en toute confidentialité, bien sûr.

Agriculteur est un métier de courage, trop souvent mal jugé et perclus de préjugés. La sensation de fatigue et de déprime peut alors vite prendre le dessus, ne la laissez pas s’engouffrer, ne baissez pas les bras !

Besoin d’aide ?

Contactez le service Agriculteurs en difficulté de la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme au 04.73.44.43.37.

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