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Recyclage
De l’eau des villes à l’eau des champs

  

En France, moins de 1% des eaux usées est réutilisé. L’ASA Limagne Noire est à l'origine d’un des rares projets qui les recycle pour l’irrigation des cultures.

 

À gauche, les bassins de l'ancienne sucrerie de Bourdon, à droite, la station d'épuration de Clermont-Ferrand.
À gauche, les bassins de l'ancienne sucrerie de Bourdon, à droite, la station d'épuration de Clermont-Ferrand.
© GoogleMaps

À la fin des années 1970, l’irrigation des cultures dans la Limagne Noire, éloignée de la rivière de l’Allier et ne disposant pas de nappes souterraines, inquiète de plus en plus la profession agricole. Lors d’un voyage en Californie, Christian Liabeuf, ancien président de l’ASA Limagne Noire, découvre que la ville de San Francisco réutilise ses eaux usées pour arroser ses espaces verts. C’est le déclic. À son retour en Auvergne, il se lance dans un projet inédit en Europe par son ampleur : recycler 30% des eaux de la station d’épuration de Clermont-Ferrand (destinée à être rejetée dans la rivière de l’Artière) pour l’irrigation des cultures, de mai à septembre. Stratégiquement situés entre la station et la rivière, les bassins de la sucrerie de Bourdon permettent le traitement de l’eau par lagunage. Elle est ensuite acheminée par une station de pompage à travers 60 km de canalisation, jusqu’aux parcelles irriguées.
Aujourd’hui, ce système sécurise l’irrigation de 750 ha de cultures souscrits, répartis dans 51 exploitations.


Un traitement vertueux


« Notre réalisation était un pari risqué à cause de la nature de l’eau utilisée » souligne Christian Liabeuf. Pour garantir une eau de qualité maximale (A), son traitement se fait par lagunage. Ce dernier ne nécessite ni produits chimiques, ni traitement mécanique, seulement la lumière du jour ! Une fois l’eau de la station déversée dans les 13 ha de bassins de la sucrerie, il suffit de 13 jours aux rayons UV du soleil pour la débarrasser de tous ses germes et parasites.
Depuis la 1ère mise en service du système en 1996, la qualité de l’eau est contrôlée toutes les semaines, suivant les recommandations du Conseil supérieur d’hygiène publique de France (CSHPF). Subtilité réglementaire : les maraîchers qui voudraient utiliser cette eau pour arroser leurs légumes, en dehors de la période de levée des cultures, sont dans l’obligation de la traiter de nouveau à la lampe UV au niveau de leurs parcelles.

Respect de l’environnement

« L’irrigation, pour nous, c’est une assurance car il faut des productions régulières, diversifiées et de qualité (…) Mais nous devons veiller au respect de l’environnement » estime Christian Liaboeuf. En valorisant une ressource qui ne l’est que très peu (moins de 1% en France), la récupération de cette eau réduit le recours aux prélèvements en milieu naturel et permet de diminuer le volume d’effluents polluants rejeté dans l’Artière.
« Un des avantages de ce système est que nous ne sommes pas concernés par les restrictions d’irrigation » explique Christophe Cautier, l’actuel président de l’ASA Limagne Noire, « bien que dans les faits, nous les appliquons par solidarité ».

Un modèle transposable ?

L’ASA Limagne Noire a su exploiter intelligemment des structures existantes, idéalement agencées et organisées pour mener à bien son projet.
Mais les étoiles ne sont pas toujours aussi bien alignées. « Sans parler des freins réglementaires, l’achat du foncier nécessaire (environ 16 ha) et la création de bassins représenteraient un coût exorbitant » souligne Christophe Cautier.
Néanmoins, les encouragements de l’Onu concernant l’utilisation de l’eau recyclée (voir encadré ci-dessus) et les 1 000 projets prévus par le Plan eau dans le but d’atteindre 10 % de réutilisation des eaux usées en France d’ici 2030 (voir l’article à la page 3) pourraient bien faire bouger les lignes.

 

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