Dans la santé de la mamelle « tout est une question d’équilibre »
Organe indispensable à la production, sur lequel tout repose, la mamelle doit faire preuve d’une attention toute particulière pour la garder en bonne santé.
Garantir la santé mammaire de ses vaches laitières repose sur une multitude d’éléments qu’il convient de maîtriser au mieux. Anne Bapt, conseillère au Conseil Elevage 63, donne l’image « d’une étoile à cinq branches dont chacune d’entre elles symbolise un champ d’attention ». La pression d’infection, l’évaluation, la résistance, le traitement et la traite sont les cinq points auxquels chaque éleveur se doit de veiller.
À la clé, une santé mammaire de l’élevage permettant une production laitière optimale et une réduction des charges. « Un troupeau en bonne santé a une moyenne cellulaire annuelle inférieure à 200 000 cellules. »
Identifier la pression infection
La mammite, cette infection de la mamelle transmissible entre les vaches, est l’ange noir de la production laitière. Aucun élevage n’y échappe mais loin d’être une fatalité, une stratégie simple basée sur l’observation et la prévention permet de la maîtriser. « Nous disons souvent qu’il vaut mieux prévenir que guérir, gérer les problèmes à temps coûte généralement moins cher » précise Anne Bapt. La première des choses est donc la maîtrise de la pression infectieuse qui passe par la configuration, l’ambiance du bâtiment et son entretien. En 2018, le Contrôle Laitier du Puy-de-Dôme notait une très nette différence des résultats leucocytaires entre les bâtiments logettes (entre 259 et 285 000 cellules selon la race) et les bâtiments type "Aire paillé" et "Entravé" (supérieur à 350 000 cellules).
La pression d’infection passe également par une maitrise de la conduite alimentaire des vaches taries (préparation au vêlage). « De plus, il ne faut pas s’acharner sur des animaux qui ne se soignent pas (plus de 3 traitements en lactation et au tarissement) mais prendre la décision de les réformer ! »
La génétique a également son mot à dire dans la maîtrise des mammites. Les chiffres montrent que les animaux bien indexés en « Santé de la mamelle » et en « Fonctionnels » ont les plus faibles taux d’infection, quel que soit le bâtiment.
La traite, première porte d’entrée
L’ambiance de la traite importe aussi. « La machine doit fonctionner correctement et les outils être adaptés à son troupeau. Les protocoles sanitaires consistant à observer les premiers-jets (en portant des gants jetables), l’inspection manuelle des mamelles et si besoin, l’emploi d’un test de mammites, permettent d’identifier les quartiers infectés précocement et d’écarter l’animal du circuit “classique”. Ils doivent être respectés le plus possible. »
Si malgré toutes ces précautions une vache est infectée, le respect des protocoles vétérinaires est indispensable. Anne Bapt met en garde les éleveurs contre l’emploi systématique des antibiotiques pouvant provoquer une antibiorésistance. « Des traitements et/ou médecines alternatives font leur preuve dans la maîtrise et surtout la prévention des mammites si on intervient au début de l’infection. Il faut essayer. Le Conseil Elevage, en collaboration avec les Vétérinaires, organise des formations sur le traitement sélectif au tarissement. » Enfin, un suivi mensuel des résultats cellules de son troupeau est vivement recommandé.
Mélodie Comte