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BIO
Crise du bio : première réponse discrète du gouvernement

C’est à huis clos, sans déclaration publique, que les membres du gouvernement ont annoncé de premières aides d’urgence pour les agriculteurs bio susceptibles de se déconvertir.  

La consommation de produits bio en France poursuit inexorablement sa chute encourageant certains producteurs à la déconversion ou à ne pas reprendre les exploitations.
La consommation de produits bio en France poursuit inexorablement sa chute encourageant certains producteurs à la déconversion ou à ne pas reprendre les exploitations.
© Réussir SA

Pas un mot public d’Emmanuel Macron ni d’Elisabeth Borne lors de leurs déambulations. L’aide a finalement été annoncée timidement lors d’un déjeuner à huis clos avec la Première ministre sur le Salon de l’agriculture, avant d’être confirmée les jours suivants. Alors que la baisse des achats bio dans les rayons met en péril plusieurs filières, 10 M€ d’aide d’urgence seront débloqués. Cette aide, précise Marc Fesneau, visera en priorité « les exploitants qui présentent le plus de risque de se déconvertir ». Prêts bonifiés ou aides directes, ces soutiens pourraient prendre plusieurs formes, et seront fléchés vers des profils et filières identifiés « avec l’aide des filières et des chambres ».
À en croire les chiffres de l’Agence bio, le phénomène de départ ne serait cependant pas encore massif. En 2022, près de 3 380 exploitants au total n’auraient pas renouvelé leur certification, soit une hausse de 34 % par rapport à 2021. « Ces arrêts sont dus pour moitié à des départs à la retraite, et pour l’autre moitié au retour au conventionnel », rappelle Dorian Fléchet, chargé de l’observatoire national de l’agriculture biologique. En termes relatifs, les effets de la crise restent d’ailleurs limités, puisque ces arrêts sont passés de 4,7 à 5,8 % des effectifs sur un an.

Conversions en berne

Mais ce sont les conversions qui marquent franchement le pas, avec une baisse de 32 % sur un an au total, qui atteint 55 % en grandes cultures, 50 % en porcin, ou encore 49 % en allaitantes et
46 % en vin. Alors que près de 340 M€ prévus par an sur la programmation Pac 2023-2028 pour les aides à la conversion, l’enveloppe sera donc loin d’être consommée. Pour autant, le ministère ne serait pas à ce stade en mesure de les flécher vers d’autres soutiens.
« Les dossiers Pac n’ont pas encore été déposés », rappelle Marc Fesneau. Pour relancer la consommation, un groupe de travail devrait être lancé à l’issue du Salon, sur la restauration commerciale et la restauration hors domicile sous l’égide de l’agriculture et de la transition écologique. En revanche, concernant les demandes de soutien renforcé à une campagne de promotion, pour laquelle Marc Fesneau avait déjà annoncé 750 000 € pour 2023, le ministre invite avant tout à retravailler les messages, notamment en insistant sur le « local ».


Pas suffisant


Les annonces ont été mal reçues par la plupart des organisations agricoles, tant sur la méthode que sur le fond. Annoncée par Elisabeth Borne en privé le 27 février, l’aide de 10 M€ n’a été confirmée par son cabinet à la presse que le lendemain, et Marc Fesneau n’en a précisé les contours que le 1er mars. Au-delà de ces atermoiements, c’est l’ampleur de l’aide qui a déçu les acteurs du bio. Car après les premières alertes de la profession, dès le printemps 2022, des chiffres détaillés sur la crise ainsi qu’un paquet de mesures détaillé issu d’une concertation entre tous les acteurs avaient bien été mis sur la table du cabinet à la veille du salon. « Un beau projet collectif », insiste Jérôme Caillé, élu en charge de l’agriculture biologique pour la Coopération agricole.
Cet exercice avait d’ailleurs conduit les interprofessions à chiffrer les pertes dues au ralentissement du marché à respectivement
59 M€, 60 M€ et 30 M€ en 2022 dans les filières lait, porc et fruits et légumes selon les interprofessions. Sur le fond, les 10 M€ «semblent plutôt faibles par rapport aux difficultés des filières », analyse donc Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA en charge de l’agriculture biologique. « Les paysans ont besoin au minimum de 300 M€ pour retrouver de l’oxygène », assène de son côté Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne. Pour Philippe Camburet, président de la Fnab (producteurs bio), l’enveloppe de 10 M€ représente même «un scandale». « Nous avions demandé 15000 € d’aide par producteur. Le montant évoqué représenterait à peine
160 € pour chacune des 60 000 exploitations bio françaises », calcule l’élu syndical. Sur le plan symbolique, de nombreux acteurs signalent par ailleurs que l’aide d’urgence reste bien inférieure aux 270 M€ débloqués pour le porc début 2022. Un argument réfuté par Marc Fesneau, qui souligne que « ces aides n’étaient pas segmentées et concernaient aussi les producteurs bio. »

 

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